L’algèbre linéaire consiste, grosso modo, en l’étude des propriétés des espaces vectoriels et des applications linéaires. Et lorsqu’on examine une application linéaire, on commence souvent par en chercher le noyau et / ou l’image.
C’est précisément ce point qui fait l’objet du présent article.
Après avoir rappelé les indispensables définitions, je détaillerai pour vous quelques exemples de difficulté graduée et je présenterai aussi quelques considérations théoriques, indispensables pour comprendre l’utilité de ces notions.
1 – Bref rappel sur les applications linéaires
Afin de respecter le contour des programmes de mathématiques des deux premières années d’enseignement supérieur scientifique, le cadre retenu sera celui des espaces vectoriels sur un corps (ce contexte pourrait être élargi à celui des modules sur un anneau commutatif).
Etant donnés deux espaces vectoriels et sur un même corps une application est dite linéaire lorsqu’elle « préserve la structure vectorielle », au sens suivant :
- l’image de la somme de deux vecteurs est égale à la somme des images,
- l’image du produit d’un scalaire par un vecteur est égale au produit de par l’image du vecteur.
En d’autres termes, une application linéaire est un « morphisme d’espaces vectoriels ».
Voici la version formalisée de la double-condition précédente :
Tout ceci équivaut à l’unique condition suivante :
Deux corollaires immédiats :
Corollaire 1
Par une application linéaire de vers :
l’image du vecteur nul de est le vecteur nul de .
En effet, en notant et les vecteurs nuls respectifs de et :
Après simplification par dans le groupe additif , il reste bien :
Corollaire 2
Par une application linéaire :
l’image de toute combinaison linéaire est la combinaison linéaire
correspondante (ie : avec les mêmes coefficients) des images.
En symboles :
Ceci se démontre aisément, par récurrence sur le nombre de termes.
En parcourant la deuxième section de l’article Comment définir une application linéaire ? vous trouverez quelques exemples variés d’applications linéaires.
Ajoutons que l’ensemble des applications linéaires de vers est naturellement muni d’une structure d’espace vectoriel, puisqu’il s’agit d’un sev de l’espace de toutes les applications de vers (linéaires ou non).
Lorsque , la notation se simplifie en Les applications linéaires de dans lui-même sont appelées les endomorphismes de
Quant aux applications linéaires de dans elle sont appelées formes linéaires sur
2 – Noyau et image : qu’est-ce donc ?
Définitions
Si alors :
➡ l’image de est l’ensemble des vecteurs de qui sont atteints par
➡ le noyau de est l’ensemble des vecteurs de dont l’image par est nulle.
L’image et le noyau de sont notés et Ce sont des sev de et de respectivement.
Plus généralement, si un sous-espace vectoriel de et si un sous-espace vectoriel de alors :
- l’image directe de par est un sous-espace vectoriel de
- l’image réciproque de par est un sous-espace vectoriel de
Une preuve détaillée de la seconde partie de cette affirmation est donnée dans l’article :
Image directe / image réciproque d’une partie
L’image et le noyau de apparaissent alors comme des cas particuliers :
- en prenant on trouve
- en prenant on trouve
3 – Quelques exemples explicites
Exemple 1
L’application :
est une forme linéaire, dont le noyau est le plan vectoriel d’équation Une base (parmi tant d’autres) de ce plan est :
L’image de est car tout peut s’écrire par exemple :
Au début de la section 4, on verra ce qu’on peut dire – de manière générale – concernant l’image d’une forme linéaire.
Exemple 2
L’application :
est un endomorphisme, dont le noyau est :
On reconnaît le plan
En particulier et donc, d’après le théorème du rang (voir section 8) :
Comme les vecteurs :
et
sont indépendants et appartiennent à on voit que est une base de
Question
Sauriez-vous déterminer le noyau et l’image de l’application linéaire
et trouver une base de chacun d’eux ? Solution en annexe.
Exemple 3
On note classiquement l’endomorphisme de défini par :
Par exemple, si est le polynôme alors :
Le noyau de est constitué des polynômes vérifiant
Si un tel polynôme possède une racine réelle alors :
et de même et ainsi de suite …
Par récurrence, on constate que pour tout De ce fait, possède une infinité de racines : c’est le polynôme nul.
Et si n’a pas de racines réelles, qu’à cela ne tienne: on considère avec quelconque. De toute évidence :
On peut donc appliquer ce qui précède à et conclure que En définitive, si alors est constant.
Réciproquement, il est évident que les polynômes constants appartiennent à
En conclusion : est l’espace des polynômes constants (qui est une droite vectorielle). En particulier, n’est pas injectif puisque .
Question
Sauriez-vous déterminer l’image de ? Solution en annexe.
Exemple 4
Revenons aux formes linéaires, pour dire un mot de la trace d’une matrice carrée.
A toute matrice carrée de taille et à termes dans on associe la somme de ses termes diagonaux, appelée trace de et notée
Il est clair que est une forme linéaire sur
On peut démontrer la :
Proposition
Si le corps est de caractéristique nulle, alors le noyau de (qui est, par définition, l’ensemble des matrices de trace nulle) est constitué des matrices semblables à une matrice de diagonale nulle.
ATTENTION … en caractéristique (avec premier), on n’a plus qu’une inclusion. En effet, une matrice de la forme avec de trace nulle sera de trace nulle, mais la matrice unité de taille à termes dans le corps est de trace nulle sans être semblable à une matrice de diagonale nulle.
Démontrons la proposition ci-dessus en nous limitant à des matrices de taille 2 (le cas général se traiterait par récurrence sur la taille de la matrice).
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
Soit telle que
Notons l’endomorphisme canoniquement associé à Cela signifie que et que est la matrice de relativement à la base canonique de .
Si est une homothétie, disons alors et donc (puisque n’est pas de caractéristique 2). La matrice est nulle dans ce cas.
Et sinon, on sait qu’il existe tel que la famille soit libre (ceci résulte d’une caractérisation classique : un endomorphisme est une homothétie si, et seulement si, pour tout vecteur la famille est liée). Cette famille est donc une base de dans laquelle est représenté par une matrice de la forme :
On voit alors que d’où la conclusion.
Question
Juste après la proposition précédente et dans la preuve de celle-ci, on a implicitement utilisé le fait que deux matrices semblables (en l’occurrence et ont la même trace.
Sauriez-vous prouver ceci en toute généralité ?
Réponse en annexe.
Exemple 5
On note l’espace vectoriel des applications continues de dans et celui des applications de classe (c’est-à-dire : dérivables et à dérivée continue). On considère alors l’application :
est linéaire (propriété bien connue de la dérivation). Son noyau est constitué des applications constantes. Son image est tout entier (on sait en effet que toute application continue sur un intervalle possède des primitives); autrement dit est surjective.
En choisissant pour ensemble de départ l’espace des applications dérivables de dans et, comme ensemble d’arrivée, l’espace de toutes les applications de dans la dérivation serait toujours linéaire, son noyau serait toujours le même (la droite vectorielle constituée des applications constantes) mais elle ne serait pas surjective ! Il existe en effet des applications de dans ne possédant pas de primitives (d’ailleurs, d’après un célèbre théorème de Darboux, une application de dans doit nécessairement vérifier la propriété des valeurs intermédiaires pour posséder une primitive).
Question
désigne un intervalle non trivial de . Sauriez-vous trouver un exemple d’application ne possédant aucune primitive ?
Solution en annexe.
4 – Injectivité et noyau
Rappelons qu’une application est dite injective lorsque deux éléments distincts de ont nécessairement des images distinctes par Formulation équivalente et plus maniable :
Voir à ce sujet la vidéo : Correspondances, Fonctions, Applications (1)
Dans le cas d’une application linéaire, il est commode de caractériser l’injectivité par le noyau :
Proposition
Soient deux espaces vectoriels et soit Alors :
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
Supposons d’abord injective.
Comme est linéaire, on sait que ce qui dit exactement que
En outre, si alors et donc par injectivité.
Ceci montre que . On a prouvé par double inclusion que :
Réciproquement, supposons que et donnons-nous deux vecteurs tels que
Cette égalité peut s’écrire elle exprime donc le fait que Ainsi et l’injectivité de est établie.
Donnons deux exemples.
Exemple 1
Notons l’espace des applications de classe de dans qui s’annulent en
L’application
est injective.En effet, si alors est solution sur de l’équation différentielle donc il existe tel que pour tout Comme de plus alors Ainsi d’où la conclusion.
Exemple 2
Soit un -espace vectoriel et soient deux sev de Alors l’application :
est injective si et seulement si
En effet, supposons que et soit Alors c’est-à-dire Comme est stable par combinaison linéaire, alors Donc et donc Ceci montre que et l’injectivité de est établie.
Réciproquement, supposons injective et soit Alors et donc c’est-à-dire ou encore
5 – Quelques exemples de nature théorique
Image d’une forme linéaire
Dans le premier exemple de la section 3, on a rencontré une forme linéaire surjective.
D’une manière générale, si est un -espace vectoriel et si est une forme linéaire, alors est un sous-espace vectoriel de c’est-à-dire ou Retenons ceci :
Une forme linéaire est nécessairement nulle ou surjective.
Il n’y a pas de demi-mesure : soit tous les scalaires sont atteints par soit 0 est le seul scalaire atteint.
Concernant le noyau d’une forme linéaire, voir la section 6 plus bas.
Eléments propres
Considérons un -espace vectoriel et un endomorphisme de Par définition, un scalaire est une valeur propre de lorsqu’il existe tel que Un tel vecteur est appelé un vecteur propre associé à la valeur propre L’ensemble des valeurs propres de est une partie de appelée spectre de et notée
Si alors :
Lorsque est valeur propre de l’ensemble est constitué du vecteur nul et des vecteurs propres associés à
On l’appelle le sous-espace vectoriel propre pour associé à
L’étude des « éléments propres » est au cœur de la réduction des endomorphismes, qui est une question centrale en algèbre linéaire.
A ce sujet, je vous invite à consulter les vidéos éléments propres d’un endomorphisme et étude spectrale de l’endomorphisme
Noyau d’une restriction
Noyau d’une restriction – Si et si est un sous-espace vectoriel de on peut s’intéresser à la restriction de à qui est par définition l’application
Cette application est généralement notée Son noyau est l’ensemble des vecteurs de dont l’image par est nulle; autrement dit :
Voici, en exercice, une question pour laquelle cette notion se révèle utile :
Question
Soient un -espace vectoriel de dimension finie et des endomorphismes de
Prouver que :
Une solution est donnée en annexe.
Noyau ou image d’un polynôme d’endomorphisme
Avant tout, si vous avez besoin d’une petite piqure de rappel au sujet des polynômes d’endomorphismes, je vous suggère de consulter les vidéos Polynômes d’endomorphisme (1) et Polynômes d’endomorphisme (2)
Il est utile de connaître le résultat suivant :
Lemme
Si est un endomorphisme et si alors le noyau et l’image de sont stables par tout endomorphisme qui commute avec
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
Si et commute, alors et commutent pour tout et donc et commutent aussi. Ceci étant dit :
- Pour montrer que est stable par on se donne et l’on vérifie que :
- Pour montrer que est stable par on se donne et l’on vérifie que En posant pour un certain :
Voici un exemple d’utilisation de ce résultat.
Exemple (dans l’exemple …)
Dans l’espace l’endomorphisme de dérivation ne possède pas de racine carrée.
Notons l’endomorphisme de dérivation :
et supposons l’existence de vérifiant Pour tout on sait que où désigne l’application Comme et commutent, la droite vectorielle est stable par et il existe donc tel que . Mais il s’ensuit que et donc que ce qui est absurde si
Dans une vidéo qui sera prochainement mise en ligne, on présentera une application plus consistante, à savoir que pour toute famille d’endomorphismes diagonalisables qui commutent deux à deux, on peut trouver une base commune de diagonalisation.
6 – Hyperplans
Commençons par préciser le vocabulaire. Considérons un espace vectoriel et un sous-espace vectoriel de .
Définition
On dit que est un hyperplan de si possède une droite supplémentaire, autrement dit s’il existe tel que :
Si est de dimension finie, ceci revient à dire que
Mais lorsque est de dimension infinie, cette dernière formulation n’a pas de sens ! En revanche, on dispose de la caractérisation suivante, valable en dimension quelconque :
Proposition
est un hyperplan de si, et seulement s’il existe une forme linéaire sur , non nulle et de noyau .
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
Sens direct
Supposons l’existence d’une forme linéaire non nulle et de noyau .
Choisissons et montrons que tout s’écrit, de façon unique, sous la forme :
Raisonnons par analyse / synthèse. Si un tel couple convient, alors :
et donc, comme et :
Ainsi, est déterminé et, par là-même, aussi. Réciproquement, en posant :
on constate que (évident !), que puisque :
et que (évident !). On a prouvé que
Sens réciproque
Supposons maintenant l’existence d’un vecteur tel que .
On sait qu’on peut définir une application linéaire par ses restrictions à des sev supplémentaires. Construisons donc une forme linéaire en imposant pour tout et
Manifestement, n’est pas la forme linéaire nulle ! Il reste à constater que
L’inclusion est déjà évidente. Pour l’inclusion inverse, donnons-nous et prouvons que Pour cela, on commence par décomposer sous la forme avec et Alors :
et donc d’où la conclusion.
7 – Equations linéaires
Définition
On appelle équation linéaire toute équation de la forme (et d’inconnue ) où sont deux espaces vectoriels sur un même corps , une application linéaire de dans et un vecteur de .
L’ensemble des solutions est de l’une des deux formes suivantes :
En effet, si alors en notant une solution particulière ( est donc un vecteur de vérifiant on constate que, pour tout :
La résolution de l’équation se fait donc en deux temps :
- Résolution de l’équation homogène associée
- Recherche d’une solution particulière
ATTENTION … Il convient d’interpréter correctement l’écriture :
On note ainsi l’ensemble des vecteurs de la forme où est arbitraire.
Donnons deux exemples.
Suite numériques vérifiant une relation de récurrence linéaire
Les suites vérifiant :
sont les solutions de l’équation linéaire où :
- est l’endomorphisme défini par :
- est la suite définie par
Solutions d’une équation différentielle linéaire
Les applications deux fois dérivables vérifiant :
sont les solutions de l’équations où :
- est l’application linéaire définie par :
- est l’application constante
8 – Le théorème du rang
Théorème et Définition
Etant donnés deux -espaces vectoriels et si de dimension finie et si est une application linéaire de dans alors :
- est de dimension finie
- (formule du rang)
L’entier est appelé « rang » de et noté
La démonstration est courte et instructive, alors on en profite 🙂
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
Avant tout, il faut observer que est évidemment de dimension finie si c’est déjà le cas de Et sinon, on revient à la définition : rappelons qu’un espace vectoriel est dit « de dimension finie » lorsqu’il existe une famille finie et génératrice de Or par hypothèse, il existe une famille finie qui est génératrice de Pour tout il existe tel que et il existe des scalaires tels que :
d’où par linéarité :
Ceci montre que la famille finie est génératrice de On a réglé le premier point.
Pour établir la formule du rang, la clef consiste à voir que est la dimension d’un sev supplémentaire de dans Il suffit donc de montrer que est isomorphe à un tel sev.
Soit donc un sev de tel que :
Considérons l’application
Attention, cette application ne doit pas être confondue avec Elle est, en quelque sorte, une « bi-restriction » de dans la mesure où elle a été obtenue en « rétrécissant » les espaces de départ et d’arrivée.
Il s’agit de montrer que est un isomorphisme, c’est-à-dire que :
- est linéaire
- est injective
- est surjective
La linéarité de ne fait aucun doute, puisque est linéaire !
Pour montrer que est injective, il suffit (cf. section 4) de voir que son noyau est réduit à
Or, d’après ce qui a été dit au paragraphe 3 de la section 5 et vu que la somme est directe :
Enfin, si alors il existe tel que puis, en décomposant selon la somme directe, il existe et tels que d’où par linéarité : Et cette dernière égalité peut encore s’écrire La surjectivité de est établie.
Voici un corollaire classique et d’usage courant :
Corollaire
Si sont des -espaces vectoriels de même dimension finie et si alors :
Le théorème rang a été utilisé dans l’exemple 2 de la section 3 et le sera de nouveau dans l’annexe. Voici un autre exemple :
Deux projecteurs assez voisins sont de même rang
On considère un espace vectoriel normé de dimension finie. La norme en vigueur sur est notée et l’on munit de la norme (dite « norme d’opérateur ») définie par :
On considère alors deux projecteurs et l’on prouve que :
Si alors et donc :
d’où . La restriction est donc injective. Le théorème du rang appliqué à donne : Par conséquent :
Mais et jouent des rôles symétriques et l’inégalité inverse est donc aussi vraie.
Et voici un exemple d’utilisation du corollaire énoncé plus haut :
Isomorphisme d’interpolation
Etant donnés un entier et des scalaires tous distincts, l’application
est un isomorphisme d’espaces vectoriels.
En effet, après avoir constaté la linéarité de on examine son noyau …
Si alors chacun des scalaires est une racine de dans d’où l’on déduit qu’il existe tel que :
Si etait non nul, le degré de serait supérieur ou égal à ce qui est absurde ! Donc et, par là-même, .
C’est maintenant qu’on invoque le corollaire : puisque les espaces vectoriels et sont de même dimension, alors est aussi surjective, d’où la conclusion.
9 – Quotienter par le noyau
La théorie des espaces vectoriels quotients n’est plus enseignée depuis belle-lurette, ni en premier cycle universitaire ni en classes préparatoires. Il va donc falloir expliquer un peu de quoi il retourne …
Dans ce qui suit, on considère un -espace vectoriel ainsi qu’un sev de et l’on définit sur une relation binaire, notée en posant :
Il est facile de voir qu’il s’agit d’une relation d’équivalence. Voir à ce sujet la vidéo Théorème de Lagrange et Ordre d’un élément
Si alors la classe d’équivalence de est (par définition) :
En particulier, n’est autre que la classe du vecteur nul.
L’ensemble des classes d’équivalence est noté
On va maintenant définir deux opérations (pour les puristes : une opération interne et une opération externe à opérateurs dans :
- si et sont deux classes d’équivalence, alors en choisissant et on pose :
- si est une classe d’équivalence et si alors en choisissant on pose :
Comme toujours dans ce genre de situation, il faut s’assurer que :
- ces définitions ont un sens, c’est-à-dire qu’en dépit des apparences :
- la classe ne dépend pas des représentants et choisis dans et dans
- la classe ne dépend pas du représentant choisi dans
- les opérations d’addition et de multiplication par un scalaire, qui viennent d’être définies, confèrent à une structure de -espace vectoriel.
Je vous passe les détails de ces vérifications (qui ne soulèvent aucune difficulté et constituent un bon exercice !), moyennant quoi on dispose désormais de l’espace vectoriel (appelé espace quotient de par ).
Proposition
L’espace est isomorphe à tout supplémentaire de dans
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
Il suffit d’adapter légèrement la preuve de la 2ème partie du théorème du rang.Soit tel que L’application
est linéaire puisque, par définition des opérations dans :
Elle est aussi injective, car :
En outre, est surjective car si alors il existe tel que . On peut écrire avec et On voit alors que
Corollaire
Si alors les espaces et sont isomorphes.
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
En effet, si désigne un supplémentaire de dans on sait :
- que est isomorphe à d’après le théorème précédent,
- que est isomorphe à d’après la deuxième partie du théorème du rang.
d’où le résultat.
Donnons un exemple d’utilisation de ce corollaire.
Exemple
Supposons de dimension finie et soit L’ensemble :
est un sev de Calculons sa dimension.
Il est déjà clair que c’est-à-dire :
Pour déterminer cette dimension, l’idée est d’établir un isomorphisme entre et un espace vectoriel dont la dimension est connue.
Etant donné la condition équivaut à On comprend ainsi que, pour définir un élément de il est nécessaire et suffisant d’en connaître la restriction à un supplémentaire de dans
Une façon de formaliser cette idée consiste à s’intéresser à l’application
où désigne un quelconque représentant de la classe
Cette définition tient la route puisque, si et sont deux représentants d’une même classe alors et donc
La linéarité de se prouve de manière « automatique » … en effet, si et alors pour tout et en notant :
Enfin (et surtout), est bijective. En effet :
- Injectivité – si alors, pour tout :
- Surjectivité – pour tout l’application
Au final :
ou encore :
Annexe : réponses aux questions
Détermination du noyau et de l’image de l’application linéaire
D’une part :
ce qui montre, via la formule du rang, que :
En particulier, on voit déjà que n’est pas surjective (d’ailleurs, lorsque aucune application linéaire de vers n’est surjective !).
En outre :
la dernière égalité résultant de la relation :
Et comme la famille est libre, c’est une base du plan vectoriel
Détermination de l’image de l’endomorphisme
On note comme d’habitude l’espace des polynômes de degré inférieur ou égal à
On sait que puisque la famille est une base de cet espace.
Si et si n’est pas constant, alors
Et si est constant, on sait que Ceci prouve que
On dispose donc de l’application que l’on peut noter
Comme
la formule du rang appliquée à donne :
Il s’ensuit que autrement dit : est surjective.
Finalement est surjective : en effet, pour tout il suffit de choisir de telle sorte que et d’invoquer la surjectivité de
Deux matrices carrées semblables ont la même trace.
On va utiliser la propriété suivante (qui repose sur une simple interversion de sommes) :
Soient deux matrices semblables, ce qui signifie qu’il existe vérifiant :
Alors :
Un exemple de fonction numérique définie sur un intervalle et ne possédant aucune primitive.
Considérons
et supposons l’existence de dérivable et telle que Il existe alors des réels tels que :
et
Comme est notamment continue en alors :
ce qui permet d’affirmer que :
Mais on sait bien que la fonction valeur absolue n’est pas dérivable en ce qui entraîne la même propriété pour : contradiction !
Majoration de la dimension du noyau de la somme de deux endomorphismes.
Considérons la restriction de au noyau de :
D’après la remarque générale signalée au troisième point de la section 5 :
On observe que si alors et donc
Réciproquement, si alors et donc Par conséquent :
Par ailleurs, si alors il existe tel que mais alors :
et donc Ainsi :
On applique maintenant la formule du rang, ce qui donne :
comme souhaité.
Vos questions ou remarques sont les bienvenues. Vous pouvez laisser un commentaire ci-dessous ou bien passer par le formulaire de contact.
Bonjour,
Pour l’endomorphisme défini par , on peut déterminer l’image en décomposant selon l’écriture générale des polynômes de tq: . En développant, on aboutit à la formule suivante:
auquel cas on voit que c’est l’ensemble des polynômes de degré inférieur ou égal à . Est-ce équivalent à la demonstration du cours ?
Bonjour Joseph,
On peut en effet exprimer comme vous le faites dans la base canonique et constater que si avec , alors , mais cet argument doit être légèrement étoffé pour expliquer que l’on atteint bien tout l’espace , moyennant quoi on pourra conclure que induit une application linéaire surjective de vers . Et comme ceci vaut pour tout , on peut alors conclure que est surjectif.