Un espace préhilbertien réel (EPHR) est un
espace vectoriel qu’on a muni d’un produit scalaire. Si cette notion n’est pas claire, on pourra se reporter à cet article, dont la première section contient les rappels nécessaires.
Le produit scalaire de deux vecteurs sera noté
Si est en outre de dimension finie, on parle plutôt d’espace vectoriel euclidien (EVE).
Dans un EVE de dimension n, une base est dite orthonormale (BON en abrégé) si elle est formée de vecteurs unitaires (càd : de norme 1) et deux à deux orthogonaux. Il revient au même de dire qu’il s’agit d’une famille orthonormale et génératrice de
puisque « orthonormale » implique « libre ».
Proposition
Si est une BON de l’EVE
alors :
(A)


En effet, on peut décomposer tout vecteur dans la base
sous la forme :


Corollaire
Si est une BON de l’EVE
alors :
(B)
En partant de l’assertion (A) et en effectuant le produit scalaire de chaque membre par on obtient directement (B). On peut aussi utiliser la formule de Pythagore (le carré de la norme d’une somme de vecteurs deux à deux orthogonaux est égale à la somme des carrés des normes de ces vecteurs); pour tout
:
A présent, étant donné un EPHR et une famille
de vecteurs de
on va s’interroger sur les réciproques de la proposition et de son corollaire :
- Les assertions (A) ou (B) suffisent-elles pour entraîner que
est une BON de
?
- Et si tel n’est pas le cas, que peut-on supposer de plus pour atteindre cette conclusion ?
1 – Réciproque de (A)
Proposition
Soit un EVE de dimension
et soit
une famille de vecteurs de
vérifiant :


Par hypothèse, tout vecteur de est combinaison linéaire de
Autrement dit, la famille
est génératrice de
Mais comme
c’est en fait une base de
En remplaçant par
on obtient pour tout
:




Remarque
Dans cette proposition, on a supposé que était de dimension
et que la famille était constituée de
vecteurs … le même entier n. Sans cette hypothèse, on peut toujours affirmer que
est génératrice de
(et donc que
est de dimension finie), mais
n’a aucune raison d’être libre. Un exemple de cette situation est obtenu en prenant
le produit scalaire étant alors simplement la multiplication des nombres réels. Si l’on pose :






Ajoutons qu’on a aussi, pour tout :


2 – Réciproque (B) sans hypothèse de dimension
Proposition
Soient un EPHR (aucune hypothèse de dimension) et
une famille de vecteurs de
On suppose que :
Alors est une BON de
Soit Par hypothèse :




La famille est donc orthonormale (et, en particulier, libre).
On peut montrer qu’elle est aussi génératrice de de deux manières :
Méthode 1
Notons le sev de
engendré par
Pour tout
:






Méthode 2
Soit On souhaite montrer que
est combinaison linéaire de
Si tel est le cas, on aura nécessairement
puisque
est une famille orthonormale. Il est donc naturel d’essayer de prouver que le vecteur
est nul. En développant par bilinéarité et d’après la formule de Pythagore :



➣ En conclusion, est une BON de
Remarque
L’espace n’était pas supposé de dimension finie, mais il s’avère qu’il est de dimension n.
3 – Réciproque de (B), via matrice de Gram
Proposition
Soient un EVE de dimension
et
une famille de vecteurs de
telle que :


On sait déjà, en reprenant par exemple la méthode 1 de la section précédente, que est une famille génératrice et donc une base de
Introduisons la matrice :


En utilisant une formule de polarisation, on voit que pour tout :





Soit donc tel que
c’est-à-dire tel que :





Remarque
Autre point de vue : est la matrice de Gram associée à
qui est une famille libre. Donc
est (symétrique) définie positive et, en particulier, inversible.
4 – Réciproque de (B), via Cauchy-Schwarz
Proposition
Soient un EVE de dimension
et
une famille de vecteurs de
telle que :


… mais par un autre chemin.
Le démarrage de la preuve est le même que précedemment : la famille est nécessairement une base de
puisque d’une part, l’orthogonal du sous-espace qu’elle engendre est nul et, d’autre part, elle comporte
vecteurs avec
Ensuite, comme au début de la section 2, on voit que pour tout :
Il reste à prouver les inégalités en sens inverse, pour conclure (comme au début de la section 2) que est une BON de
Une bonne idée est de faire intervenir l’inégalité de Cauchy-Schwarz (ICS). Rappelons que, pour tout couple de vecteurs de
:





Or l’existence d’un tel est assurée : il suffit de considérer l’hyperplan
et de choisir
non nul dans la droite vectorielle