L’étude des suites de Cauchy et des espaces complets figurait autrefois aux programmes de mathématiques du 1er cycle universitaire et des classes préparatoires scientifiques. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, ce que certains (j’en suis) peuvent déplorer. Voir à ce sujet cet échange (qui remonte à 2015) sur le site du Images des mathématiques du CNRS.
Le présent article est écrit à l’intention de celles et ceux qui souhaiteraient s’initier à ce sujet passionnant, afin d’élargir leur point de vue sur les questions d’analyse réelle.
1 – La définition de la convergence ne suffit pas
Commençons par le commencement : que signifie qu’une suite réelle est convergente ?
Définition
Une suite réelle est dite convergente lorsqu’il existe un nombre réel tel que l’écart entre (le ème terme de la suite et devient arbitrairement petit, à partir d’un certain rang.
En symboles :
Une suite réelle qui n’est pas convergente est dite divergente.
On peut prouver l’unicité d’un tel nombre (voir l’encadré ci-dessous). En cas d’existence, on dit que est la limite de la suite qu’on note au choix ou bien
Unicité de la limite (cliquer pour déplier / replier)
Supposons que la suite converge vers et vers
Etant donné il existe un couple d’entiers naturels tel que :
Pour on voit donc avec l’inégalité triangulaire que :
Ceci prouve que :
Autrement dit :
Un constat s’impose :
Si l’on veut établir la convergence d’une suite réelle, en appliquant strictement la définition, alors il faut connaître à l’avance la valeur de la limite.
Dans certains cas simples, ce n’est pas gênant …
Exemple 1
Supposons qu’on veuille établir la convergence de la suite de terme général :
On commence par ré-écrire cette expression sous une forme plus maniable.
Pour tout :
A partir de là, les choses s’éclaircissent : le dénominateur de la dernière fraction écrite est proche de lorsque est grand. On devine ainsi que cette suite doit converger vers
Il reste à établir cela rigoureusement, en utilisant la définition de la convergence.
On se donne un réel et l’on tâche de montrer que :
Pour cela, on raisonne par condition suffisante, c’est-à-dire qu’on cherche tel que la condition suffise pour garantir
On peut observer que :
et que :
Ainsi, pour tout :
Notons maintenant un entier plus grand que par exemple :
le symbole désignant la partie entière par excès du réel
On constate que :
Mais en général, les choses ne sont pas aussi simples …
Exemple 2
Considérons maintenant la suite de terme général :
La nature (convergence ou divergence) de la suite n’est pas évidente.
Et à supposer qu’elle converge, la valeur de sa limite n’est pas claire non plus …
L’idéal serait un outil permettant d’affirmer la convergence d’une suite, mais sans qu’il soit nécessaire de deviner à l’avance la limite.
Bonne nouvelle : cet outil existe !
Il a été indépendamment découvert / inventé par B. Bolzano et A-L. Cauchy, dans la première moitié du XIXème siècle.
2 – Le critère de Cauchy
Définition
Une suite réelle est de Cauchy lorsque l’écart entre deux termes devient arbitrairement petit à partir d’un certain rang.
En symboles :
On peut reformuler cette condition sous la forme :
Il est facile de voir que :
Proposition
Toute suite réelle convergente est de Cauchy.
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
Soit une suite réelle convergente, de limite Etant donné il existe tel que :
L’inégalité triangulaire montre que, dès que et :
Ceci prouve que la suite est de Cauchy.
Mais le plus intéressant réside dans la réciproque, que nous admettrons dans cet article :
Théorème (critère de Cauchy)
Toute suite réelle de Cauchy est convergente.
Dans son cours d’analyse de 1821, Cauchy considérait que le critère qui porte aujourd’hui son nom était clairement équivalent à la convergence. Pourtant, il n’y avait là rien d’évident … mais surtout : le concept précis de nombre réel n’avait pas encore été défini ! Il fallait pour cela attendre encore quelques décennies.
C’est principalement à Georg Cantor , mais aussi à Eduard Heine et Charles Meray que revient le mérite d’avoir élaboré, à la fin du XIXème siècle, une construction rigoureuse du corps des réels et d’avoir, par là-même, fourni une démonstration de l’équivalence entre la définition de la convergence et le critère de Cauchy.
Les détails d’une telle construction sont brièvement évoqués dans le lexique mathématique.
Reprenons la suite définie à la fin de la section précédente :
Pour tout couple tel que :
donc (inégalité triangulaire) :
et a fortiori :
On reconnaît une somme géométrique (de raison 1/2). Il vient :
On peut donc rendre arbitrairement petit, dès que sont assez grands.
Bref, la suite est de Cauchy et donc, elle converge (mais on ne sait pas trop vers quoi).
Cet exemple se généralise largement : voir la section 7.
Avant de quitter cette section, signalons une confusion fréquente.
Pour une suite réelle le fait que soit de Cauchy n’est pas équivalent à
()
Par exemple, la suite de terme général :
vérifie mais elle n’est pas de Cauchy. En effet :
- d’une part, en notant la constante d’Euler, pour tout fixé, on a lorsque :
- et d’autre part, pour tout :
3 – Limite monotone
L’énoncé suivant, qui est admis en fin de lycée, est très utile. C’est le théorème de la limite monotone, en abrégé TLM :
TLM
Toute suite réelle, croissante et majorée, est convergente.
Bien entendu, toute suite réelle décroissante et minorée est aussi convergente (on le voit aussitôt en appliquant le TLM à la suite opposée).
Comme expliqué plus haut, le critère de Cauchy permet de prouver la convergence (éventuelle) d’une suite réelle, sans avoir à connaître sa limite à l’avance. Le TLM présente visiblement le même avantage. On pourrait donc penser que, tous comptes faits, le critère de Cauchy est un gadget superflu. C’est inexact, pour deux raisons :
- Contrairement au critère de Cauchy qui donne une condition nécessaire et suffisante de convergence (c’est d’ailleurs le sens du mot critère) — le TLM ne donne qu’une condition suffisante (et non nécessaire) de convergence. Par exemple, la suite de terme général converge vers 0, mais n’est monotone à partir d’aucun rang.
- Le TLM repose sur le théorème de la borne supérieure, qui repose sur le critère de Cauchy.
Théorème (de la borne supérieure)
Toute partie non vide et majorée de possède une borne supérieure (c’est-à-dire un plus petit majorant).
La preuve de ce résultat est reportée en annexe. Pour le moment, démontrons le TLM.
Preuve du TLM (cliquer pour déplier / replier)
Soit une suite réelle croissante et majorée. L’ensemble est une partie de non vide et majorée, donc possède une borne supérieure
Etant donné le réel est le plus petit majorant de donc n’est pas un majorant de cet ensemble. Ceci signifie qu’il existe un élément de strictement supérieur à
Autrement dit :
Mais d’une part, est croissante donc pour tout
Et d’autre part, (et a fortiori ) pour tout puisque est un majorant de Ainsi :
On a prouvé que toute suite réelle croissante et majorée, converge vers la borne supérieure de l’ensemble de ses termes.
4 – Le théorème du point fixe de Picard
Vous avez peut-être déjà observé, en jouant avec une calculette, qu’en partant d’un quelconque nombre strictement positif et en appuyant plusieurs fois de suite sur la touche racine carrée, la valeur affichée semble converger vers 1.
L’illustration dynamique ci-dessous permet de visualiser ce phénomène.
Illustration dynamique
Le graphe rouge est celui de la fonction racine carrée. La droite bleue est la première bissectrice, d’équation
Le slider permet de choisir un nombre positif En pressant plusieurs fois sur le bouton SQRT on déclenche le calcul des premiers termes de la suite définie par :
La dernière valeur calculée est affichée sous le slider. C’est l’abscisse du petit spot vert, visible à l’extrémité de la ligne polygonale blanche.
Les boutons ZIN et ZOUT permettent d’effectuer un zoom avant / arrière.
Une pression sur RESET remet tous les paramètres à leurs valeurs d’origine.
On verra, en fin de section, comment traiter cet exemple de manière directe ou bien comme cas particulier du théorème de Picard ci-dessous.
Considérons un intervalle non trivial (c’est-à-dire de longueur non nulle), une application et un réel
On peut définir une suite en itérant à partir de Cela consiste à poser :
(✯)
Faisons quelques constatations simples :➡ Une telle suite n’a aucune raison de converger, même si est continue. Par exemple, si l’on choisit :
- tel que
alors, pour tout :
et la suite est donc divergente.
➡ Si la suite converge, sa limite dépend en général du choix de Considérons par exemple :
Dans ce cas (peu passionnant, j’en conviens), la suite est constante (donc convergente !) et sa limite est
➡ La nature (convergence ou divergence) de la suite peut dépendre de C’est par exemple le cas lorsque :
En effet, on peut montrer (exercice !) que la suite converge vers si et qu’elle diverge vers si
Toutefois, et moyennant des hypothèses convenables, on peut garantir que :
- la suite converge, quelle que soit la valeur de
- sa limite est indépendante de
Théorème (Picard)
Soit un intervalle fermé non trivial.
Si est contractante, alors :
- possède un unique point fixe
- pour tout la suite définie par (✯) converge vers
Expliquons d’abord le vocabulaire :
➡ l’hypothèse fermé signifie que, pour toute suite convergente à termes dans la limite de cette suite appartient à
➡ l’hypothèse contractante signifie qu’il existe
tel que :
()
➡ un point fixe de est un réel vérifiant
La preuve ci-dessous repose sur la complétude de c’est-à-dire sur le fait que toute suite réelle de Cauchy est convergente.
Preuve du théorème de Picard (cliquer pour déplier / replier)
Si et sont des points fixes de alors :
donc ce qui impose L’unicité d’un point fixe pour est établie.
Montrons simultanément l’existence d’un point fixe pour et le fait que toute suite définie par itération de converge vers cette valeur.
Soit et soit la suite définie par les relations :
On prouve par récurrence que, pour tout :
C’est visiblement le cas pour 0.
Et si cette inégalité est vraie pour un certain alors :
comme souhaité.
Maintenant, considérons deux entiers naturels tels que Alors :
et donc :
où l’on a posé .
Comme la suite géométrique converge vers 0, alors étant donné il existe certainement un entier naturel tel que :
Ainsi, il suffit que pour qu’on ait :
La suite est donc de Cauchy.
Elle converge vers un certain réel qui appartient à puisque est fermé.
Le caractère contractant de entraînant sa continuité, on peut passer à la limite dans l’égalité ce qui donne
Revenons maintenant à l’exemple de la racine carrée, évoqué au début de cette section.
Pour cet exemple simple, l’usage du théorème de Picard ne s’impose pas. En effet :
- chacun des intervalles et est stable par
- pour tout
- pour tout
Il en résulte que la suite définie par
est :
- croissante et majorée par 1, si
- décroissante et minorée par si
Elle converge donc dans tous les cas, et sa limite vérifie la condition (obtenue en passant à la limite dans la formule de récurrence).
Comme (une suite croissante dont le premier terme est strictement positif ne peut pas converger vers 0, une suite minorée par 1 non plus), alors
Cela dit, on peut tout de même faire intervenir le théorème de Picard, ce qui apporte un éclairage un peu différent sur la même question.
Pour tout couple de réels tels que :
De plus l’intervalle fermé est stable par racine carrée. L’application vérifie donc la condition avec
Ainsi, pour la suite converge vers 1 (l’unique point fixe de
Et si alors il existe un entier tel que car, dans le cas contraire, on aurait :
et donc :
ce qui est absurde (la suite divergerait vers alors qu’elle est à valeurs dans L’intervalle est donc attracteur (ce qui signifie qu’il contient tous les termes de la suite à partir d’un certain rang). On est donc ramené, après un certain nombre d’itérations, au cas où
5 – espaces métriques complets
Les notions de suite convergente et de suite de Cauchy ont été définies dans le contexte des nombres réels.
Ce cadre peut être considérablement élargi, en remplaçant et la valeur absolue par un ensemble abstrait et une distance sur .
Définition 3
Un espace métrique est un ensemble sur lequel on a défini une distance, c’est-à-dire une application vérifiant les conditions suivantes :
(1)
(2)
(3)
La condition (1) exprime la symétrie de l’application .
La condition (2) est appelée inégalité triangulaire.
La condition (3) est appelée « condition de séparation ».
➡ Une suite à termes dans est dite convergente lorsqu’il existe un élément de tel que :
➡ Elle est dite de Cauchy lorsque :
On peut montrer que :
mais que les deux réciproques sont fausses.
Pour la réciproque de l’implication n° 2, c’est vite vu : il suffit de reprendre la suite réelle de terme général Cette suite est bornée mais n’est pas de Cauchy, puisque l’écart entre et est égal à 2 lorsque sont de parités contraires (cet écart ne devient donc pas arbitrairement petit à partir d’un certain rang).
Pour l’implication n° 1, c’est plus subtil. On ne pourra pas trouver de contre-exemple dans … car, comme on l’a admis dans cet article : toute suite réelle de Cauchy est convergente !
Un exemple de suite de Cauchy divergente
Notons l’espace vectoriel des applications continues de dans et munissons-le de la « norme 1 » :
Pour tout entier notons l’application définie par :
et dont la restriction à est affine.
La suite est de Cauchy car si :
Pourtant, cette suite ne converge pas (dans pour cette norme).
En effet, dans le cas contraire, en notant la limite, on aurait :
Ces trois intégrales étant positives, il en résulterait d’une part que :
d’où (vue la continuité de :
()
et, d’autre part, que :c’est-à-dire :
d’où (toujours par continuité de :
()
Les relations et sont incompatibles (on aurait simultanément et ) et cette contradiction montre la divergence de la suiteDéfinition
L’espace métrique est dit complet si toutes ses suites de Cauchy convergent.
Ainsi est complet pour la distance usuelle (valeur absolue de la différence).
Tout espace vectoriel normé (evn en abrégé) est, de façon naturelle, un espace métrique pour la distance induite par la norme : On dit que est un espace de Banach lorsqu’il est complet pour cette distance.
On peut montrer que tout espace vectoriel de dimension finie, muni d’une norme quelconque, est un espace de Banach. Quant aux espaces normés de dimension infinie, certains sont complets et d’autre pas. Nous n’approfondirons pas davantage ce vaste sujet, du moins pas dans cet article.
6 – Le petit théorème de Baire
Dans cette section, on s’intéresse à un exemple de théorème qui repose principalement sur la complétude d’un espace métrique. Il s’agit d’une généralisation du célèbre théorème des segments emboîtés.
Théorème (des fermés emboîtés)
Soit un espace métrique complet et soit une suite décroissante de fermés non vides dont le diamètre tend vers 0.
Alors est un singleton.
Ce résultat est aussi connu sous le nom de « petit théorème de Baire » (pour le grand théorème de Baire, voir un autre article … à paraître).
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
On construit une suite telle que C’est possible puisque chaque est non vide.
Comme la suite est décroissante (pour l’inclusion), alors pour tout la suite tronquée est à termes dans Il en résulte :
- d’une part, que pour tout :
- d’autre part que, pour tout : puisque est fermé.
Ainsi :
Pour finir, si appartient à cette intersection, alors pour tout :
ce qui entraîne, après passage à la limite, que et donc que
7 – Convergence absolue
Le résultat suivant concernant les séries numériques est fondamental :
Théorème
Soit une suite réelle. Si la série converge, alors la série converge aussi.
Lorsque la série converge, la série est dite absolument convergente.
Le théorème se reformule donc ainsi : toute série réelle absolument convergente est convergente.
Ce résultat est conséquence de la complétude de
Mais d’abord nous allons en donner une preuve qui, si l’on n’y prête pas garde, pourrait laisser croire le contraire.
Preuve 1 (cliquer pour déplier / replier)
Pour tout :
Evidemment, il est hors de question de conclure avec le principe de comparaison sur la base de cette inégalité.
Cependant :
Comme la série converge, la principe de comparaison montre que la série converge aussi.
Finalement, la série converge, en tant que différence de deux séries convergentes.
Preuve 2 (cliquer pour déplier / replier)
Il s’agit de montrer que la suite de terme général converge.
On sait, par hypothèse, que la suite de terme général converge.
D’après l’inégalité triangulaire, pour tout tel que :
Or, étant donné il existe tel que pour tout et tout :
car la suite est de Cauchy. Donc, sous les mêmes conditions :
Ceci prouve que la suite est de Cauchy, donc convergente, puisque est complet.
➡ La preuve 1 est indéniablement meilleure sur le plan de la concision. Elle présente, en outre, l’avantage d’être accessible, même si l’on ne dispose pas du critère de Cauchy.
Mais attention, cette preuve utilise le principe de comparaison pour les séries à termes positifs, qui repose sur le TLM, qui s’appuie à son tour sur le théorème de la borne supérieure, qui repose enfin sur le critère de Cauchy (ouf).
Donc, même si le critère de Cauchy n’apparaît pas explicitement dans la preuve 1, il est tout de même bien présent.
➡ Quant à la preuve 2, son intérêt est double :
- elle montre bien la connection entre suites de Cauchy et convergence absolue (sans rien camoufler),
- elle se généralise sans effort supplémentaire aux séries à termes dans un espace de Banach.
Revenons une dernière fois à l’exemple de la série
Il suffit, pour justifier sa convergence d’écrire que :
Comme la série géométrique converge, le principe de comparaison assure que série est absolument convergente, donc convergente.
Pour conclure cette section, ajoutons qu’étant donné un -evn les assertions :
- est complet
- dans toute série ACV est convergente
sont en fait équivalentes. Nous avons établi ci-dessus l’implication dans . La preuve est en tout point identique dans un quelconque espace de Banach (on remplace simplement les valeurs absolues par des normes).
Il suffit donc de prouver que
Proposition
Pour qu’un evn soit complet, il suffit que toute série absolument convergente soit convergente.
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
Notons la norme en vigueur dans et soit une suite de Cauchy. On peut construire par récurrence une application strictement croissante telle que :
Comme la série converge, alors la série est absolument convergente, donc convergente. Mais cela signifie que la suite de terme général :
converge. Autrement dit, la suite extraite converge. Notons sa limite.
Etant donné , il existe tel que
Et comme est de Cauchy, il existe tel que :
Donc, dès que et vu que :
Remarque
On a montré au passage que toute suite de Cauchy possédant une valeur d’adhérence est convergente.
Annexe – Preuve du théorème de la borne supérieure
On commence par définir la notion de couple d’ensembles adjacents.
Définition
Soient des parties non vides de
On dit que est un couple d’ensembles adjacents lorsque :
(1)
(2)
Lemme
Si est un couple d’ensembles adjacents, alors il existe un unique tel que :
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
Commençons par l’unicité.
S’il existait deux réels ayant la propriété annoncée, on aurait pour tout : ce qui est en contradiction avec (2).
Passons à l’existence de
D’après (2), il existe pour tout un couple tel que
(3)
Alors, d’après (1), pour :et de même :
Ainsi :
La suite est donc de Cauchy. Notons sa limite.
D’après (3), la suite converge aussi vers
Soit comme pour tout il vient en passant à la limite :
On voit de même que pour tout
On est maintenant en mesure d’établir le :
Théorème (de la borne supérieure)
Toute partie non vide et majorée de possède une borne supérieure.
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
Soit une partie de , non vide et majorée. Notons l’ensemble de ses majorants :
Il s’agit de montrer que cet ensemble possède un plus petit élément.
Fixons et Soit Comme on voit déjà que D’autre part, si alors et donc :
ce qui montre que est majoré. L’ensemble possède donc un plus grand élément Posons Ainsi et donc On a prouvé que :
Autrement dit, est un couple d’ensembles adjacents (au sens de la définition ci-dessous) et il existe donc (d’après le lemme ci-après) un unique tel que :
est un majorant de et c’est le plus petit.
Vos questions ou remarques sont les bienvenues. Vous pouvez laisser un commentaire ci-dessous ou bien passer par le formulaire de contact.
Ajout dans mon message précédent:
(…) certains en « déduisent » de façon erronée (…)
petite remarque pour un choix ( legerement 🙂 ) plus passionnant dans la section point fixe de Picard. Iterer sur une fonction (meme continue) ne garantit pas la convergence d’une suite recurrente. Exemple t -> 1-t sur [0 1/2[ U ]1/2 1] qui donne en effet deux valeurs selon parite’ de n… Et comme indique’, la convergence (ou pas) peut dependre de la condition initiale s. En reprenant la meme fonction avec s = 1/2 on a alors une suite constante (moins ennuyante que t -> t) donc convergente. Cela montre la convergence ou divergence de la meme fonction selon choix initial.
Serais-je à nouveau confus ?
Dans la section TLM : « Par exemple, la suite de terme général converge vers 0, mais n’est monotone à partir d’aucun rang ».
Monotone APCR ? Elle semble oscillante indéfiniment. D’accord sur sa limite égale à zéro.
Il est écrit que cette suite n’est monotone à partir d’aucun rang, ce qui signifie exactement qu’elle n’est PAS monotone APCR. Nous sommes donc bien d’accord 🙂
correction de mon nom.
OMG! je perds aussi mo focus en lisant en Franc,ais… Je commenc,ais a` perdre mon latin!
Merci bien de votre reponse… j’entends bien, dois me reconcentrer sur cette section. Y a t’il une demonstration sur Math-OS de la reciproque du critere de Cauchy? Je suis tres curieux de la comprendre. Intuitivement, cela parait evident, juste par un trace’ d’une suite qui converge, on peut comprendre pourquoi une suite de Cauchy converge sans en connaitre la limite.
Non, il n’y a pas de preuve de cette implication sur Math-OS. Ce n’est facile d’accès car il faut pour cela construire, d’une façon ou d’une autre, le corps des réels. Par exemple comme le quotient de l’anneau des suites de Cauchy de rationnels par l’idéal formé de celles qui convergent vers 0. Et seulement ensuite, on peut montrer la complétude de . Je vous renvoie par exemple au livre : Traité de mathématiques spéciales, de Ramis, Deschamps & Odoux, Tome 3, chapitre 1.
Bonjour – pour le critere de Cauchy, (reciproque de toute suite convergente est « de Cauchy »). Si on choisit L la limite de U comme etant le min_(|Up|, |Uq|) et le terme de rang k = (p ou q), Uk = Max_(|Up|, |Uq|). N’a t’on pas prouve’ la convergence de U vers L? Cela me parait trop simple et je me pose la question quant a` l’unicite de ce L. Quoique p et q etant fixe’s, L serait ainsi unique?
Il faut considerer la monotonie de U. e.g. si U est croissante, on choisit Max_(|Up|, |Uq|) = L (la limite de U) et Uk = min_(|Up|, |Uq|) et pour le cas precedent si U est decroissante.
Bonsoir,
Merci pour cet article.
Juste deux petites remarques (clairement 😊) non essentielles:
1) Au tout début de la partie 4, on peut ajouter « strictement positif » à la place de « positif »;
2) Parfois, une suite de Cauchy est définie de façon totalement équivalente à la définition de l’article, mais avec « n+p et n » en lieu et place de « p et q ». Il me semble qu’à partir de cette « variante », certains en déduisent le résultat faux que vous dénoncez dans votre aparté « confusion fréquente » de la partie 2. Je dis cela juste au cas où connaître la source probable de leur erreur, aiderait certains à ne plus la commettre !
Bien à vous.
Bien vu pour le _strictement_ positif ! En effet, on ne risque pas de converger vers 1 en itérant la fonction racine carrée à partir de 0 🙂
J’ai fait la rectification qui s’imposait.
Je crains que quelque chose ne vous ait échappé. Qu’entendez-vous par « le min de et » ? La limite d’une suite, si elle existe, ne doit dépendre de RIEN d’autre que de cette suite … Et pour une suite à termes négatifs, ce nombre L serait donc positif ou nul ? Cela paraît difficile. En outre, vous semblez suggérer qu’une suite réelle doive nécessairement être soit croissante soit décroissante … C’est loin d’être vrai.