Lettre A
ACCROISSEMENT (taux d’)
Soient un intervalle non trivial, une application de dans et tels que
Le taux d’accroissement de entre et est le réel :
C’est la pente (coefficient directeur) de la droite de qui passe par et
Le théorème des accroissements finis dit que si est dérivable alors il existe tel que :
On interprète géométriquement cette propriété en disant qu’il existe un point du graphe de en lequel la tangente est parallèle à
Pour tout fixé, on peut définir la « fonction pente » :
Par définition, la dérivabilité de en équivaut à l’existence d’une limite finie pour en
Par ailleurs, la convexité de équivaut à la croissance de pour tout
ADJACENTES (suites)
Deux suites réelles et sont dites adjacentes lorsque :
- l’une est croissante,
- l’autre est décroissante,
- leur différence tend vers 0.
Proposition
Si les suites réelles sont adjacentes, alors elles convergent vers une même limite.
Pour tout réel on peut construire un couple de suites adjacentes, à termes rationnels et dont la limite commune est
Une façon de faire consiste à poser, pour tout :
Les symboles et désignent respectivement la partie entière par excès et la partie entière par défaut du réel (voir la définition).
Par exemple, pour les premiers termes de ces suites sont :
On démontre habituellement le théorème des segments emboîtés en considérant la suite des bornes inférieures, la suite des bornes supérieures et en observant qu’elles forment un couple de suites adjacentes.
Voici d’autres exemples d’une telle situation :
Exemple 1
Etant donnés tels que on définit deux suites réelles et en posant et :
On peut montrer que est un couple de suites adjacentes et que leur limite commune est
Il est intéressant de constater qu’à chaque étape, ce sont les moyennes arithmétique et harmonique de qui sont calculées pour obtenir ainsi qu’à la limite, on trouve la moyenne géométrique des deux premiers termes.
Voir aussi l’entrée MOYENNES du lexique, pour un exemple construit de façons similaire, mais nettement plus intéressant puisqu’il débouche sur la notion de moyenne arithmético-géométrique.
Exemple 2
Les suites et respectivement définies par :
forment un couple de suites adjacentes. Leur limite commune est le nombre
Une preuve classique de l’irrationalité de repose d’ailleurs sur l’utilisation de ces deux suites. Voir ici.
ADJOINT (endomorphisme)
Etant donnés un espace vectoriel réel muni d’un produit scalaire et un endomorphisme on s’intéresse aux endomorphismes pour lesquels :
Il existe au plus un tel endomorphisme En effet, si et conviennent, alors :
ce qui impose pour tout et donc
L’existence de n’est pas assurée en général : voir le dernier exercice de cette fiche.
En revanche, si est de dimension finie (ce qu’on suppose désormais), alors il existe un (et donc un seul) tel endomorphisme C’est l’endomorphisme adjoint de habituellement noté La proposition suivante rassemble quelques unes des principales propriétés de l’application appelée adjonction :
Proposition
L’adjonction est un automorphisme involutif de ce qui signifie que :
En outre, pour tout couple :
Si est une base orthonormale de alors les matrices dans de et de son adjoint sont transposées l’une de l’autre. En conséquence, et ont le même rang.
Le noyau de et l’image de sont supplémentaires orthogonaux.
La notion d’adjoint permet d’introduire de manière synthétique certaines catégories importantes d’endomorphismes d’un espace euclidien. Notamment :
- les endomorphismes symétriques (ou : auto-adjoints) : ce sont les tels que
- les endomorphismes antisymétriques : ce sont les tels que
- les automorphismes orthogonaux : ce sont les tels que
ALEMBERT (règle de d’)
Proposition
Etant donnée une série à termes strictement positifs, on suppose que la suite converge et l’on note :
- Si alors la série converge
- Si alors la série diverge grossièrement
- Si ou si la suite ne possède pas de limite, on ne peut pas conclure.
Ce résultat est connu sous le nom de règle de d’Alembert … en France, mais dans le reste du monde, on parle plutôt de ratio test. On le démontre en effectuant la comparaison avec une série géométrique.
Le troisième cas est parfois qualifié de « douteux » (puisqu’il n’est pas concluant). Ceci se justifie par le fait que les séries et sont respectivement divergente et convergente, mais conduisent toutes les deux à .
Ajoutons qu’il est parfois possible de conclure, même si : si la suite est croissante, elle ne peut pas converger vers et la série est alors grossièrement divergente.
La règle de d’Alembert ne donne que des conditions suffisantes ! Si pour tout et si la série converge, il se peut que la suite ne possède pas de limite. C’est le cas lorsque :
Exemples
La série
converge puisqu’en notant son terme général :
Pour la série
le calcul donne :
ce qui ne permet pas de conclure. Toutefois, si l’on connaît la formule de Stirling, on peut déterminer la nature de cette série. En effet :
et donc :
où l’on a posé Ceci prouve la divergence de la série proposée.
ALGÉBRIQUEMENT CLOS (corps)
Un corps est dit algébriquement clos lorsque tout polynôme non constant est scindé dans
Pour que cette condition soit vérifiée, il suffit que tout polynôme non constant possède au moins une racine dans (en factorisant par où désigne cette racine, on est ramené à un polynôme de degré moindre et une simple récurrence fait le reste). L’implication réciproque est triviale.
L’archétype de corps algébriquement clos est le corps des nombres complexes. Ce résultat constitue le théorème fondamental de l’algèbre. Il a été conjecturé par d’Alembert (qui en a produit une preuve incorrecte) puis démontré par Gauss, de plusieurs façons.
Proposition
Tout corps algébriquement clos est nécessairement infini.
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
Par l’absurde. Supposons que soit un corps fini algébriquement clos. Notons (avec ses éléments (parmi lesquels se trouve 1, l’élément neutre multiplicatif de et considérons le polynôme :
Ce polynôme est non constant et ne possède aucune racine dans : contradiction !
On peut montrer que tout corps possède une clôture algébrique, c’est-à-dire qu’il existe une extension algébrique de qui soit un corps algébriquement clos. Ce résultat constitue le théorème de Steinitz.
ANTÉCÉDENTS
Considérons deux ensembles et une application
Conventionnellement, est appelé l’ensemble de départ de et est appelé l’ensemble d’arrivée de Chaque élément de de possède une image par et une seule : il s’agit d’un élément de noté
A l’inverse, un élément de n’est pas nécessairement l’image par d’un élément de Il se peut aussi que soit l’image de plusieurs éléments de (voire, dans certains cas, d’une infinité).
Les éventuels éléments de dont est l’image par sont les antécédents de par
Si est une partie de alors l’ensemble des antécédents des éléments de est l’image réciproque de par : il s’agit d’une partie de notée .
En particulier, l’ensemble des antécédents de est noté .
Exemple
Si , alors :
- -1 ne possède pas d’antécédent par
- 0 en possède un seul (lui-même)
- 4 en possède deux : -2 et 2
Par ailleurs
A ce sujet, voir cet article.
APCR
On dit qu’une suite réelle vérifie une propriété à partir d’un certain rang (APCR en abrégé) lorsqu’il existe un entier naturel tel que la suite tronquée vérifie
Trivialement, si une suite vérifie alors elle vérifie APCR, mais la réciproque est en général fausse.
Exemple 1
La suite définie par :
n’est pas positive (parce que mais elle converge vers et donc elle est certainement positive APCR.
Exemple 2
La suite définie par :
n’est pas décroissante (parce que mais elle est décroissante APCR.
Exemple 3
La suite définie par :
n’est pas périodique, mais elle est périodique (de période 2) APCR.
Certains préfère dire « ultimement périodique » pour exprimer la même idée.
Pour certaines propriétés, cette notion ne présente aucun intérêt. Ainsi, une suite bornée APCR est simplement une suite bornée. En effet, s’il existe et tels que :
alors, en posant :
on constate que :
De la même manière, la notion de suite convergente APCR est stérile.
APPLICATION
Définition
Une application est un triplet , où sont des ensembles et une partie du produit cartésien , tels que :
est l’ensemble de départ de l’application.
est l’ensemble d’arrivée de l’application.
est le graphe de l’application.
Pour chaque , l’unique élément pour lequel est appelé l’image de par l’application.
Pour chaque , les éventuels éléments vérifiant sont appelés les antécédents de par l’application. Il se peut qu’un élément ne possède :
- aucun antécédent,
- un seul antécédent,
- plusieurs antécédents (voire une infinité).
Si l’application est notée , alors l’image de est notée .
On peut visualiser une application en dessinant des « patates » pour représenter les ensembles de départ et d’arrivée. Chaque couple appartenant au graphe est alors représenté par une flèche issue de et qui aboutit en :
Notation usuelle :
Définition
Une application est un triplet , où sont des ensembles et une partie du produit cartésien , tels que :
est l’ensemble de départ de l’application.
est l’ensemble d’arrivée de l’application.
est le graphe de l’application.
Pour chaque , l’unique élément pour lequel est appelé l’image de par l’application.
Pour chaque , les éventuels éléments vérifiant sont appelés les antécédents de par l’application. Il se peut qu’un élément ne possède :
- aucun antécédent,
- un seul antécédent,
- plusieurs antécédents (voire une infinité).
Si l’application est notée , alors l’image de est notée .
On peut visualiser une application en dessinant des « patates » pour représenter les ensembles de départ et d’arrivée. Chaque couple appartenant au graphe est alors représenté par une flèche issue de et qui aboutit en :
Notation usuelle :
Exemples
Voici quelques applications …
Dans ce dernier exemple, désigne l’ensemble des parties de et désigne la fonction indicatrice de la partie .
ASSOCIATIVITÉ
Une opération sur un ensemble est dite associative lorsque :
Il n’y a alors plus besoin de parenthèses : on peut noter sans que ceci ne soulève d’ambiguïté.
On peut aussi définir les itérés d’un élément en posant :
Un ensemble muni d’une opération associative est appelé un semi-groupe. S’il existe en outre un élément neutre , on parle de monoïde et la définition ci-dessus est prolongée en posant .
Pour en savoir plus sur l’associativité, on pourra consulter cet article.