
Dans cette vidéo, on établit l’irrationalité des nombres et
, puis on explique pour quelle raison l’un au moins des deux nombres
et
est nécessairement irrationnel. Toutefois, la preuve de l’irrationalité de
est simplement esquissée dans la vidéo et le présent article en donne une version détaillée.
La preuve proposée est inspirée de celle produite par le mathématicien canadien Ivan Niven et publiée dans le Bulletin of the American Mathematical Society (numéro 53, en 1947) et que l’on peut lire ici.

Voici le plan adopté.
On note, pour tout :
➡

➡
➡
➡
On raisonne alors par l’absurde. S’il existe tel que
alors on déduit des points précédents que, pour
assez grand, le nombre
est un entier strictement compris entre 0 et 1, ce qui apporte la contradiction souhaitée.
Voyons maintenant tout cela en détail.
Preuve des deux premiers points
Il est clair que, pour tout l’application
est continue et positive. Elle est en outre non identiquement nulle, puisque :

Par ailleurs, pour tout :

Pour conclure que , il suffit alors d’invoquer le :
Lemme
Pour tout réel :
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
Si l’on note , alors pour tout
:

En particulier :
Autrement dit, la suite décroît APCR. Comme elle est minorée (par
elle converge. Notons
sa limite. En passant à la limite dans l’égalité :


Remarque
Si l’on connaît la règle de d’Alembert pour les séries à termes strictement positifs, on peut conclure plus rapidement.
En effet, comme , alors la série
converge et, en particulier, la suite
converge vers
Preuve du troisième point
Nous allons utiliser la formule de double-intégration par parties (histoire d’accélérer un peu le calcul qui consisterait à détailler deux IPP successives).
D’une manière générale, si sont deux applications de classe
alors :

Le terme entre crochets est nul. De plus, on observe que :


Preuve du quatrième point
La formule annoncée s’obtient en raisonnant par récurrence. On calcule aisément :
Il existe donc un polynôme et un polynôme
tels que
et
Il s’agit d’évidence de
et
Supposons, pour un certain
l’existence de polynômes
et
tels que :

Visiblement :
On a prouvé par récurrence que, pour tout il existe
vérifiant
.
De manière plus explicite, pour tout il existe des entiers
tel que :
Preuve de l’irrationalité de π
Supposons rationnel et soient
des entiers naturels non nuls tels que :

Il en résulte que Mais on vu au premier point que
et donc
Par ailleurs, comme (second point) alors
dès que
convenable.
Nous sommes parvenus à la contradiction désirée : si est assez grand,
est un entier strictement compris entre 0 et 1.
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Très impressionnant ! Merci beaucoup Monsieur !