Lettre D
DÉNOMBRABLE
Un ensemble est qualifié de dénombrable, par définition, lorsqu’il existe une bijection
Bien entendu, dès qu’une telle bijection existe, on dispose de sa réciproque
On peut donc reformuler : est dit dénombrable tout ensemble « en bijection avec
» .
On peut montrer que chacun des ensembles suivants est dénombrable :
et
Pour , c’est facile à justifier : l’application
est bijective.
Cet exemple se généralise : si est une partie finie de
alors l’ensemble
(lire :
privé de
qui est par définition constitué des entiers naturels qui n’appartiennent pas à
est dénombrable.
Pour c’est un peu moins évident : on s’en sort en énumérant les entiers relatifs « en zig-zag » . Autrement dit : 0, 1, -1, 2, -2, 3, -3, etc … Cette peut être formalisée en considérant l’application
En revanche n’est pas dénombrable. Une preuve de cette affirmation est donnée dans cet article de vulgarisation et vous pourrez suivre, dans la vidéo ci-dessous, pas moins de quatre preuve de ce résultat :
Etant donné est un ensemble , il n’existe aucune surjection (et, en particulier, aucune bijection) de
vers
. On voit ainsi que
est non dénombrable.
La proposition suivante est fondamentale : si est une suite d’ensembles dénombrables, alors
est aussi dénombrable.
Les challenges numéros 34, 49 et 73 entrent plus ou moins dans cette thématique. Vous êtes invité(e) à y réfléchir.
DENSE (partie)
Définition
Soient un espace vectoriel normé et soit
On dit que
est dense dans
lorsque tout vecteur de
est la limite d’une suite convergente à termes dans
Remarque
Cette définition est présentée ainsi par souci de simplicité. Une version à la fois plus générale et plus officielle serait la suivante :
Soit un espace topologique et soit
On dit que
est dense dans
lorsque
(le symbole
désigne l’adhérence de
dans
Si la topologie de est métrisable (c’est-à-dire : s’il existe une distance
sur
qui induit sa topologie), cette condition équivaut à l’existence, pour tout
d’une suite
à termes dans
qui converge vers
c’est-à-dire telle que :









Exemple 1
Dans les parties suivantes sont denses :
- l’ensemble
des rationnels
- l’ensemble
des irrationnels
Exemple 2
Dans les parties suivantes sont denses :
- l’ensemble des matrice inversibles (qui est aussi un ouvert)
- l’ensemble des matrices diagonalisables

L’un des principaux intérêts de la notion de densité le suivant : pour démontrer une propriété donnée pour chaque élément d’un certain espace, il suffit parfois de l’établir pour les éléments d’une partie dense, puis de passer à la limite.
Voici quelques illustrations de cette idée :
- Si
est continue et si
pour tout
alors
- Si
vérifie
pour tout
alors
On peut voir (par linéarité) que
pour toute fonction polynomiale
puis raisonner par densité grâce au théorème d’approximation uniforme de Weierstrass.
- Si
alors
On peut d’abord le prouver pour les couples de matrices inversibles, puis utiliser la continuité de l’application
et le fait que
est une partie dense de
- Si
alors
On peut prouver cela pour les matrices diagonalisables et utiliser ensuite la continuité du déterminant, de l’exponentielle (complexe et matricielle) et de la trace.
DIAGONALISABLE
Soit un
espace vectoriel de dimension finie et soit
Définition 1
est dit diagonalisable lorsqu’il existe une base de
formée de vecteurs propres pour
Dans une telle base,
est représenté par une matrice diagonale, d’où la terminologie.
Définition 2
Une matrice est dite diagonalisable dans
(précision indispensable ! voir exemple ci-dessous) lorsque l’endomorphisme de
canoniquement associé à
est diagonalisable.
Ceci revient à dire qu’il existe un couple tel que :
Exemple
est diagonalisable dans
mais pas dans
On note le spectre de
et
son polynôme caractéristique.
Pour chaque valeur propre on note :
la dimension du sous-espace propre associé
la multiplicité de
en tant que racine de
Théorème 1
est diagonalisable si, et seulement si,
est scindé dans
et de plus :
Corollaire
Si est scindé dans
et à racines simples, alors
est diagonalisable.
Par exemple, l’endomorphisme de canoniquement associé à la matrice triangulaire
Autre exemple, moins immédiat : toute matrice est la limite d’une suite de matrices diagonalisables dans
. Autrement dit, l’ensemble des matrices diagonalisables dans
est une partie dense de
.

Attention : Le corollaire ci-dessus ne donne qu’une condition suffisante (et pas du tout nécessaire) de diagonalisation. Par exemple, une homothétie est évidemment diagonalisable et possède pourtant une valeur propre multiple (en dimension ).
Théorème 2
est diagonalisable si, et seulement s’il existe
scindé dans
et à racines simples, tel que
Par exemple : tout projecteur de est diagonalisable puisqu’annulé par
de même (en caractéristique différente de 2) toute symétrie de
est diagonalisable puisqu’annulée par
DISTANCE (à une partie)
Définition
Soient un espace vectoriel normé et une partie non vide
.
Pour tout , on note :


Remarque
Cette définition s’étend naturellement aux espaces métriques, en remplaçant par la distance entre
et
Exemple 1
Dans si
, alors pour tout
:
Exemple 2
Dans muni de sa norme euclidienne, considérons
et
et notons
le disque fermé de centre
et de rayon
Alors, pour tout
, en notant :
Dans l’illustration ci-dessous, est l’union de trois ellipses.
Pour certains points, la distance à est atteinte une fois, pour d’autres deux fois. Il existe même deux points pour lesquelles elle est atteinte trois fois (on pourrait qualifier ces points de points triples) : l’un d’eux a été représenté; sauriez-vous localiser l’autre ?



Voici quelques résultats de base, à connaître …
1 – Vecteurs à distance nulle. D’une manière générale :


En particulier, si est fermé alors les vecteurs qui sont à distance nulle de
sont exactement les éléments de
Sans cette hypothèse, il reste que mais l’implication réciproque est fausse. Par exemple, dans
:
2 – Continuité. On peut montrer que l’application

On peut s’interroger sur la différentiabilité de , mais c’est une question plus délicate, qui fait intervenir les propriétés géométriques et topologiques de
3 – Distance atteinte. Si est un compact de
alors (propriété générale d’une application continue sur un compact et à valeurs réelles), pour tout
il existe
tel que :






Et sans hypothèse de compacité, l’existence d’un tel n’est pas assurée : considérer cette fois un disque ouvert
de centre
et de rayon
ainsi qu’un point
extérieur à
Alors
et cette distance n’est pas atteinte.
4 – Projection orthogonale. Dans le cadre des espaces préhilbertiens, le théorème de la projection orthogonale donne des informations sur la distance d’un vecteur à un sous-espace de dimension finie (ou, plus généralement, à une partie non vide, convexe et complète). Voir cet article.
DUPLICATION (trigonométrie)
En trigonométrie circulaire, les formules :
(1)
(2)

Grâce à la formule fondamentale la relation
peut encore s’écrire :



On a essentiellement la même chose en trigonométrie hyperbolique. En effet, pour tout :
(1′)
(2′)




