Lettre T
TELESCOPIQUE
Etant donnée une liste de nombres réels, la somme :
Cette sommation est qualifiée de télescopique, car tout se passe comme si l’on repliait une longue vue d’autrefois … après coup, seuls l’oculaire et l’objectif sont encore visibles :

La raison de cette simplification est que les termes se simplifient de proche en proche, à l’exception des termes extrêmes, qui ne trouvent pas de contrepartie (illustration pour ) :

Pour une preuve rigoureuse, une petite récurrence fait l’affaire.
Cette technique est largement utilisée pour calculer explicitement
certaines sommes ou sommes de séries. Elle est aussi évoquée dans cet article, où vous pourrez trouver d’autres exemples que ceux développés ci-après.
Exemple 1
Si l’on pose pour tout
alors la somme :
➢ D’une part :
Exemple 2
Calculons la somme de la série convergente :

Pour tout :
Pour un autre exemple de calcul de somme de série faisant intervenir une sommation télescopique et les nombres de Fibonacci, voir l’exercice n° 5 de cette fiche.
Bien sûr, cette technique s’adapte aussi aux produits.
Si est une liste de réels non nuls, alors :
Exemple 3
Calculons explicitement, pour tout entier le produit :
TRANSITIVITÉ
La transitivité est une propriété que possèdent certaines relations binaires et que l’on pourrait bien caricaturer par le dicton populaire :
les amis de mes amis sont mes amis
Plus sérieusement, si est une relation binaire sur un ensemble
on dit que
est transitive lorsque :
Par exemple, les relations suivantes sont transitives :
- la relation d’égalité dans un ensemble quelconque,
- la relation d’inclusion dans l’ensemble des parties d’un ensemble,
- la relation
usuelle dans
- la relation de divisibilité dans
- l’ordre lexicographique (c’est-à-dire l’ordre usuel du dictionnaire) dans l’ensemble des mots sur un alphabet quelconque.
Voici maintenant un exemple de relation binaire non transitive : considérons l’ensemble des mots de la langue française. Etant donnés deux mots et
on notera
lorsque
et
ont au moins une lettre en commun.
On voit bien que : bleu vert (le lettre ‘e’ est commune)
et vert roti (les lettres ‘r’ et ‘t’ sont communes)
mais bleu n’est pas en relation avec roti, car ces deux mots n’ont aucune lettre en commun.
Une question classique de combinatoire consiste à dénombrer les relations binaires sur un ensemble de cardinal (il en existe
et à compter combien d’entre elles sont :
- réflexives : il en existe
- symétriques : il en existe
- réflexives, symétriques et transitives (relations d’équivalence) : il en existe
où
est le
ème nombre de Bell. La suite
vérifie la relation de récurrence forte :
A ce jour, aucune formule explicite n’est connue pour le nombre de relations transitives.
TRIANGULAIRE (inégalité)
Dans un triangle, la longueur de l’un quelconque des trois côtés est majorée par la somme des deux autres. Quitte à représenter chaque point du plan par son affixe (complexe), cette propriété s’énonce ainsi :
()
()
Détail de l’équivalence
En supposant on peut remplacer
par
par
et
par
ce qui donne
Réciproquement, en supposant on peut remplacer
par
et
par
ce qui donne
La relation est appelée inégalité triangulaire dans
En voici deux corollaires importants :
On pourra consulter cette vidéo pour une preuve de et des deux corollaires, et cette autre pour des exemples d’utilisation.
Plus généralement, si est un
ou
-espace vectoriel et si
est une norme (ou même une semi-norme) sur
, alors
pour tout couple
de vecteurs de
Par exemple, si alors :

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TRIANGULAIRE (matrice)
Soit un entier naturel non nul et soit
un corps.
Définition
Une matrice carrée est dite triangulaire supérieure lorsque ses termes sous-diagonaux sont tous nuls.
En posant cette condition prend la forme :

On dit qu’une matrice est triangulaire inférieure lorsque sa transposée est triangulaire supérieure. L’ensemble de ces matrices est noté
Exemple
La matrice :

L’ensemble contient la matrice nulle et la matrice unité, est stable par combinaison linéaire et par produit. C’est donc une sous-algèbre de
Sa dimension est :
Même chose pour via l’isomorphisme
Proposition 1
Une matrice triangulaire est inversible si, et seulement si, ses termes diagonaux sont tous non nuls.
Cette proposition se prouve directement.
Elle peut aussi être vue comme conséquence de la :
Proposition 2
Le déterminant d’une matrice triangulaire est égal au produit de ses termes diagonaux.
Plus généralement, le déterminant d’une matrice triangulaire par blocs est égal au produit des déterminants de ses blocs diagonaux.
Exemple
Après avoir calculé :
Proposition 3
Toute matrice triangulaire stricte (c’est-à-dire : dont les termes diagonaux sont tous nuls) est nilpotente.
Exemple
C’est en particulier le cas de la matrice suivante (cellule de Jordan de taille :





Proposition 4
Toute matrice dont le polynôme caractéristique est scindé dans
est semblable à une matrice triangulaire supérieure, c’est-à-dire qu’il existe
et
telles que :
TRIANGULAIRE (nombre)
Les entiers :
L’illustration suivante explique l’origine de cette terminologie. On y voit un empilement de :

La formule suivante est archi-classique :
Proposition
Pour tout :
Il est intéressant de noter que si les deux membres de cette égalité représentent le même nombre, la quantité de calcul nécessaire n’est pas identique dans les deux cas (les formules n’ont pas la même complexité) : additions d’un côté et, de l’autre, une addition, une multiplication et une division par 2.
L’égalité se prouve aisément par récurrence. On peut aussi voir que :
Les nombres triangulaires sont des nombres polygonaux particuliers. Le théorème de Fermat-Cauchy dit que, pour tout tout entier naturel est la somme d’au plus
nombres
gonaux.
Le cas a été résolu par Lagrange en 1770 (c’est le théorème des quatre carrés). Le cas
a été résolu plus tard (en 1796) par Gauss. Le cas général est dû à Cauchy (1813). Quant à Fermat, il a formulé ce résultat en 1638, annoncé qu’il en publierait une preuve, ce qu’il n’a jamais fait.