Les réels de l’ensemble de Mandelbrot

L’ensemble de Mandelbrot, noté M, a été défini au début de cet article.

L’objet de ce qui suit est de prouver le résultat élémentaire suivant :

Proposition

La trace sur \mathbb{R} de l’ensemble de Mandelbrot : M\cap\mathbb{R}=\left[-2,\dfrac{1}{4}\right].

D’après le lemme d’évasion, on sait que si \left|c\right|>2 alors 0\notin K_{c} et donc c\notin M. Par conséquent M\subset\overline{D}\left(0,2\right) et en particulier : M\cap\mathbb{R}\subset\left[-2,2\right].

De plus, on voit facilement que si c>\dfrac{1}{4}, alors la suite définie par :

    \[\boxed{t_{0}=0\qquad\text{et}\qquad\forall n\in\mathbb{N},\thinspace t_{n+1}=t_{n}^{2}+c}\]

diverge vers l’infini. En effet, cette suite est (strictement) croissante car, pour tout n\in\mathbb{N} :

    \[t_{n+1}-t_{n}=t_{n}^{2}-t_{n}+c=\left(t_{n}-\dfrac{1}{2}\right)^{2}+c-\dfrac{1}{4}>0\]

et elle n’est pas majorée (car sinon, elle convergerait, or l’application continue \mathbb{R}\rightarrow\mathbb{R},\thinspace t\mapsto t^{2}+c ne possède aucun point fixe). Il est ainsi établi que :

    \[\fcolorbox{black}{myBlue}{$\displaystyle{M\cap\mathbb{R}\subset\left[-2,\dfrac{1}{4}\right]}$}\]

Prouvons à présent l’inclusion inverse.

Pour tout c\in\left[-2,\dfrac{1}{4}\right], l’application P_{c}:t\mapsto t^{2}+c possède deux points fixes (confondus en \frac12 lorsque c=\dfrac{1}{4}), à savoir :

    \[f_{-}=\dfrac{1}{2}\left(1-\sqrt{1-4c}\right)\qquad\text{et}\qquad f_{+}=\dfrac{1}{2}\left(1+\sqrt{1-4c}\right)\]

On peut montrer (ce n’est pas utile ici) que si c\in\left[-2,\dfrac{1}{4}\right[ alors f_{+} est répulsif et qu’en notant \rho=P_{c}'\left(f_{-}\right)=2\thinspace f_{-} :

  • si -\frac34<c<\frac14, alors f_{-} est attractif puisque -1<\rho<1.
  • si -2\leqslant c<-\frac34, alors f_{-} est répulsif car \rho<-1.
  • et pour c=-\frac34, le point fixe f_{-}=-\frac12 est indifférent car \rho=-1.

Le point important est que l’intervalle I_{c}=\left[-f_{+},f_{+}\right] est stable par P_{c}.

En effet, si \left|t\right|\leqslant f_{+} alors :

    \[t^{2}+c\leqslant f_{+}^{2}+c=f_{+}\]

et de plus (c’est ici que sert l’hypothèse c\geqslant-2. Voir les détails dans l’encadré ci-dessous) :

    \[t^{2}+c+f_{+}\geqslant c+f_{+}\geqslant0\]

de sorte que t^{2}+c\in I_{c}.

Détails

On résout, pour c\leqslant\dfrac{1}{4}, l’inéquation c+f_{+}\geqslant0, c’est-à-dire :

    \[c+\dfrac{1}{2}\left(1+\sqrt{1-4c}\right)\geqslant0\]

ou encore :

    \[\sqrt{1-4c}\geqslant-\left(2c+1\right)\]

Si c\in\left[-\dfrac{1}{2},\dfrac{1}{4}\right], alors c et solution. Et pour c<-\dfrac{1}{2} :

    \[\sqrt{1-4c}\geqslant-\left(2c+1\right)\Leftrightarrow1-4c\geqslant4c^{2}+4c+1\Leftrightarrow c\left(c+2\right)\leqslant0\Leftrightarrow c\in\left[-2,-\dfrac{1}{2}\right[\]

Moralité, si c\in\left[-2,\dfrac{1}{4}\right], alors c+f_{+}\geqslant0.

Comme 0\in I_{c}, la suite \left(t_{n}\right) est bornée et donc c\in M. Ainsi :

    \[\fcolorbox{black}{myBlue}{$\displaystyle{M\cap\mathbb{R}\supset\left[-2,\dfrac{1}{4}\right]}$}\]

Remarque

Si c<-2, alors I_{c} n’est plus stable par P_{c}. En effet :

    \[P_{c}\left(0\right)=c<-\dfrac{1}{2}\left(1+\sqrt{1-4c}\right)=-f_{+}\]

et donc P_{c}\left(0\right)\notin I_{c}. Les illustrations ci-dessous montrent trois cas de figure :

  • pour c légèrement inférieur à -2,
  • pour c légèrement supérieur à -2,
  • pour c=-2 (le cas limite).

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