Lettre B
BASE CANONIQUE
Si est un espace vectoriel abstrait de dimension finie
il n’existe pas parmi les bases de
de base privilégiée.
En revanche, lorsque est explicitement identifié, on peut généralement distinguer une base plus naturelle, plus standard, que toute autre.
Cette base est appelée la base canonique de
➢ Par exemple, si alors sa base canonique est
où l’on a posé :
➢ Autre exemple, si (espace de polynômes de degré inférieur ou égal à
alors sa base canonique est :


Encore un, pour la route …
➢ Si (espace des matrices rectangulaires à
lignes et
colonnes), alors sa base canonique est formée des matrices élémentaires :



Autrement dit, est la matrice dont tous les termes sont nuls à l’exception de celui situé à l’intersection de la ligne
et de la colonne
qui vaut 1. On reconnaît encore la même idée.
Noter que l’ordre des vecteurs dans une base a son importance; il faut donc le préciser en cas de doute. Aucun doute pour les deux premiers exemples, mais les choses sont moins nettes pour les matrices élémentaires. On peut adopter par défaut l’ordre lexicographique sur les couples Ainsi, dans le cas particulier où
et
, la base canonique de
sera :
BERNOULLI (inégalité)
Proposition
Etant donné un réel ainsi qu’un entier
:
On prouve ceci par récurrence. Pour c’est immédiat puisque
:


Remarque
Si on peut aussi s’en sortir avec la formule du binôme :
En revanche, pour , les termes cette somme sont de signe alterné et le signe de
ne saute pas aux yeux.
BIJECTION
Une bijection d’un ensemble vers un ensemble
est, en quelque sorte, une « correspondance parfaite » entre ces deux ensembles.
Intuitivement, cela signifie que :
- de chaque élément de
part une unique flèche vers un élément de
,
- vers chaque élément de
parvient une unique flèche provenant d’un élément de
.

De manière précise, une bijection est une application à la fois injective et surjective.
➢ L’injectivité signifie que tout élément de possède au plus un antécédent par
.
➢ La surjectivité signifie que tout élément de possède au moins un antécédent par
.
La superposition des deux conditions signifie que tout élément de possède un unique antécédent par
. En symboles :
Chacune des applications suivantes est un exemple de bijection :
S’il existe une bijection , alors il existe une bijection de
(à commencer par la bijection réciproque de
, notée
, qui a tout élément de
associe son unique antécédent par
). On peut donc parler d’ensembles « en bijection », sans préciser d’ensemble de départ ni d’arrivée : deux tels ensembles sont dits équipotents. Dans le cas de deux ensembles finis, cela signifie simplement que les deux ensembles ont le même cardinal.
Les exemples ci-dessus montrent que et
sont équipotents à
. On peut montrer que c’est aussi le cas de
: pour cette raison,
,
et
sont dits dénombrables. On peut montrer que
, en revanche, n’est pas dénombrable.
BINOMIAUX (coefficients)
Si sont deux entiers naturels, on note
le nombre de parties de cardinal
dans un ensemble de cardinal
Cet entier est évidemment nul si Et sinon, on peut montrer que :




Plus généralement, cette égalité reste valable dans un anneau, pour tout couple d’éléments qui commutent. On peut notamment l’appliquer à une couple de matrices carrées de même taille, à coefficients dans un même corps
.
Il existe de nombreuses formules faisant intervenir les coefficients binomiaux. Quelques unes des plus importantes son détaillées dans cet article.
Les coefficients binomiaux généralisés sont définis, pour tout par :
BOLZANO-WEIERSTRASS (théorème de)
Une suite réelle ne possède pas nécessairement de valeurs d’adhérence, comme on le voit en considérant la suite croissante des entiers naturels.
C’est toutefois le cas si la suite considérée est supposée bornée. Ce résultat constitue le théorème de Bolzano-Weierstrass.
En voici deux esquisses de preuve …
1 – Par dichotomie. Par hypothèse, il existe des réels tels que
pour tout
Notons
L’un au moins des deux segments
ou
contient
pour une infinité d’indices
(tout simplement parce que l’union de deux ensembles finis est un ensemble fini !). En répétant cet argument, on construit par récurrence une suite
de segments tels que :
(plus précisément :
,
- l’ensemble
est infini pour tout
.
La propriété des segments emboîtés s’applique et montre que est un singleton
On vérifie que est la limite d’une suite extraite de
autrement dit : une valeur d’adhérence de cette suite.
2 – Via le lemme des pics. Ce résultat un peu technique dit que de toute suite réelle, on peut extraire une sous-suite monotone. Il fait l’objet de l’exercice n° 9 de cette fiche. On se donne alors une suite réelle bornée; on en extrait (grâce au lemme des pics) une sous-suite monotone, qui est évidemment bornée donc convergente (d’après le théorème de la limite monotone).
On peut aussi voir les choses de plus haut : le théorème de Bolzano-Weierstrass exprime la compacité séquentielle relative des parties bornées de
Si l’on considère plus généralement une suite à termes dans un espace métrique, alors l’ensemble de ses valeurs d’adhérence est :


On voit ainsi que est fermé (en tant qu’intersection d’une famille de fermés).
Maintenant, si la suite considérée est à termes dans un espace vectoriel normé de dimension finie, alors apparaît comme l’intersection d’une suite décroissante de compacts non vides, ce qui prouve que
BORNÉ
La notion de partie bornée est présentée ici dans par souci de simplicité. Son cadre naturel est celui des espaces métriques.
On dit qu’une partie de
est bornée lorsque :


![Rendered by QuickLaTeX.com B\subset\left[a,b\right].](https://math-os.com/wp-content/ql-cache/quicklatex.com-69982ea861477d7a71de59dc09348bc9_l3.png)
Il est facile de voir que :
- l’intersection d’une famille de parties bornées est bornée.
- l’union d’une famille finie de parties bornées est bornée.
Parmi les parties bornées de on peut distinguer :
- les intervalles bornés. Ce sont ceux de l’une des formes suivantes :
- les parties fermées et bornées. Pour une telle partie
, on peut extraire de toute suite
à termes dans
une sous-suite convergente dont la limite appartient à
La réciproque est vraie : toute partie de
ayant cette propriété est fermée et bornée. En d’autres termes, les parties fermées et bornées de
sont exactement les parties compactes de
.
A l’intersection des deux catégories 1 et 2 ci-dessus, on trouve les segments (intervalles fermés et bornés).
Maintenant, si alors une application
est dite bornée lorsque
est une partie bornée au sens précédent. Cela signifie donc qu’il existe
tel que :