
1 – De quoi s’agit-il ?
Que se cache-t-il derrière les mots condition nécessaire et condition suffisante ?
Imaginons la situation suivante …
Vous effectuez des démarches administratives et vous avez besoin d’un document particulier (un acte de naissance, par exemple).
Pour que ce document puisse vous être délivré, on vous demande de vous présenter à la mairie, muni(e) d’une attestation de domicile et d’une pièce d’identité.
Si vous fournissez seulement l’attestation de domicile mais aucune pièce d’identité, l’officier d’état civil refusera de vous remettre le document demandé.
Essayons de formaliser un peu cette histoire et considérons les deux phrases (on dit aussi, deux propositions) :
- Phrase 1 : je me présente à la mairie muni(e) d’une attestation de domicile.
- Phrase 2 : j’obtiens, de la part de l’officier d’état civil, le document dont j’ai besoin.
On comprend que la phrase 1 exprime une condition qui doit être remplie pour que la phrase 2 soit vraie, mais que cette condition ne suffit pas à elle seule.
La condition exprimée par la phrase 1 est nécessaire (à l’obtention du document), mais elle n’est pas suffisante.
Si la phrase 1 est remplacée par « je me présente à la mairie muni(e) d’une attestation de domicile et d’une pièce d’identité », on obtient une condition nécessaire et suffisante.
Et si cette phrase est remplacée par « je me présente à la mairie muni(e) d’un magnifique bouquet de fleurs », on obtient une condition qui n’est sans doute ni nécessaire ni suffisante …

En mathématiques, on cherche en permanence à déterminer la nature du lien logique qui peut exister entre deux (ou plusieurs) propositions.
Parfois, une condition du type « la proposition est vraie » s’avèrera nécessaire mais non suffisante pour qu’une proposition
soit vraie; parfois elle sera suffisante mais non nécessaire.
Il arrivera aussi que soit nécessaire et suffisante à la réalisation de
On dit dans ce cas que les propositions
et
sont équivalentes.
Passons maintenant à l’étude d’exemples mathématiques …
2 – deux, quatre, huit
Considérons, pour tout entier naturel n, les trois propositions suivantes :
:
est multiple de 2
:
est multiple de 4
:
est multiple de 8
Il est immédiat que et que
.
En effet, si est vérifiée, alors il existe un entier naturel
tel que
, ce qu’on peut aussi écrire
, avec
. Ceci prouve que
est vérifiée.
L’argument est similaire pour la seconde implication.
On voit donc que est une condition suffisante pour
et que
est une condition nécessaire pour
.
Mais n’est pas une condition nécessaire pour
: un entier
multiple de 4 n’a aucune raison d’être multiple de 8 (par exemple :
).
Et de même n’est pas une condition suffisante pour
: un entier
multiple de 2 n’a aucune raison d’être multiple de 4 (par exemple :
).
On peut alors se demander quelle pourrait être une CNS (acronyme de « Condition Nécessaire et Suffisante ») pour soit vraie, autrement dit : quel pourrait être un critère de divisibilité par 4 ?
Une possibilité est la suivante (on note le chiffre des unités de
et
son chiffre des dizaines) :
: l’entier formé par
et
(dans cet ordre, à savoir l’entier
) est multiple de 4.
Dans l’équivalence entre et
, le sens « utile » est certainement
. Par exemple, l’entier 12131487624 est certainement multiple de 4 puisque c’est le cas de 24 .
Bien sûr, il faut expliquer pourquoi cette condition est équivalente à
. Vous pouvez probablement produire vous-même une preuve de cette équivalence. Et si nécessaire, un simple clic vous donnera accès à tous les détails …
Preuve (cliquer pour déplier / replier)
On va avoir besoin d’effectuer la division de par 100 en écrivant :


Il s’agit donc de prouver que si est multiple de 4, alors
est multiple de 4 puis d’établir l’implication réciproque.
- La condition
est nécessaire : en effet, si
est vraie, alors il existe un entier naturel
tel que
est vraie.
- La condition
est suffisante : en effet; si
est multiple de 4, alors (vu que 100 est multiple de 4), on constate que
est aussi multiple de 4.
L’équivalence des propositions et
est un exemple parmi les plus simples de critère de divisibilité. Pour en savoir plus à ce sujet, on pourra consulter cet article.
3 – N est pair vs. le carré de N est pair
Rappelons qu’un nombre entier est dit pair lorsqu’il est le double d’un entier (autrement dit, lorsqu’il est multiple de 2).
Plus formellement : l’entier est pair lorsqu’il existe un entier
tel que
.
Les entiers pairs sont :
Il en existe évidemment une infinité !
Considérons un entier , positif ou nul, ainsi que les deux propositions :
:
est pair
:
est pair
Il est facile de voir que est une conséquence de
. En effet, l’hypothèse
se traduit par l’existence d’un entier naturel
tel que
. On en déduit que :

Nous venons de prouver que implique
, autrement dit que
est une conséquence de
. Ceci se note conventionnellement :
Il revient au même de dire que est une condition suffisante pour que
soit réalisée. Ce vocabulaire est très clair : il suffit que la proposition
soit vraie pour que
soit aussi vraie.
Autre façon de dire la même chose : est une condition nécessaire pour que
soit réalisée. Là encore, la terminologie est limpide : si
est vraie, alors
est nécessairement vraie.
Revenons maintenant à notre exemple.
Est-ce que, réciproquement, serait une condition suffisante pour que
soit réalisée ?
La réponse est oui. Supposons en effet que soit pair et prouvons que
est pair.
Imaginons un instant que ce ne soit pas le cas, autrement dit que soit impair. On pourrait donc écrire
sous la forme
(un entier impair est en effet le successeur d’un entier pair). Il en résulterait que :


Au final, nous avons prouvé que chacune des deux propositions et
est conséquence de l’autre, ce qu’on exprime en disant qu’elles sont équivalentes. Et ceci se note :
Si cet article vous a permis d’y voir plus clair, dites-le moi en laissant un commentaire ci-dessous ou bien en passant par le formulaire de contact ! Ca me fera plaisir 🙂
Merci beaucoup, des exemples simples et concis qui permettent de mieux s’y retrouver 🙂