Solutions détaillées de neuf exercices sur les éléments propres (fiche 01).
Cliquer ici pour accéder aux énoncés.
Afin de déterminer les valeurs propres de on peut calculer son polynôme caractéristique :
ce qui montre que le spectre de est
On pouvait aussi observer que la trace et le déterminant de valent respectivement et : si l’on note les valeurs propres (a priori complexes et éventuellement confondues) de on en déduit que
ce qui redonne le spectre.
Bref, possède 2 valeurs propres réelles distinctes, donc est diagonalisable dans
Rappel
Une condition suffisante pour qu’un endomorphisme d’un espace vectoriel de dimension soit diagonalisable est qu’il possède valeurs propres distinctes.
Comparer avec cette CNS
Trouvons des vecteurs propres. Le système :
équivaut à Et le système :
équivaut à Retenons que :
Si l’on note l’endomorphisme canoniquement associé à ainsi que et alors est une base formée de vecteurs propres pour
La matrice de passage de la base canonique à la base est :
Son inverse est :
Finalement, si l’on pose :
alors d’où (par récurrence) :
On peut effectuer le calcule explicite :
puis :
soit :
Passons au cas des exposants négatifs. Si et alors :
ce qui prouve que la formule encadrée reste valable pour tout
Le polynôme caractéristique de est :
d’où On vérifie que les sous-espaces vectoriels propres associés sont respectivement :
- pour la valeur propre 1,
- pour la valeur propre 2.
Comme 1 est une valeur propre double et vu que on voit que n’est pas diagonalisable.
Rappel
Une condition nécessaire et suffisante pour qu’un endomorphisme d’un -espace vectoriel de dimension soit diagonalisable est que son polynôme caractéristique soit scindé dans et que, pour chaque valeur propre, la multiplicité de celle-ci dans le polynôme caractéristique soit égale à la dimension du sev propre correspondant.
Comparer avec cette autre CNS
Afin de calculer les puissances de on effectue la division euclidienne de par :
En évaluant en 1 et en 2, on obtient :
En dérivant, puis en évaluant en 1 :
d’où :
On obtient ainsi un système, dont la résolution conduit à :
Il n’y a plus qu’à calculer :
Ainsi :
soit, tous calculs faits :
Il est clair que est un endomorphisme de
On peut observer que pour tout polynôme :
Ainsi (cet endomorphisme est donc un automorphisme involutif), ce qui signifie que le polynôme qui est scindé dans et à racines simples, est annulateur de De ce fait, est diagonalisable.
L’avantage de cette méthode est sa rapidité et l’absence de calcul. Son inconvénient est qu’elle ne fournit pas de base de vecteurs propres pour Or c’est justement ce qui est demandé …
On apprend cependant, avec ce qui précède, que
D’ailleurs, cette inclusion est nécessairement une égalité dès que sans quoi serait un endomorphisme diagonalisable ne possédant qu’une seule valeur propre, donc serait une homothétie … Et ce n’est pas le cas puisque, par exemple : n’est pas colinéaire à
On recherche donc des vecteurs propres associés aux valeurs propres -1 et 1.
Proposons deux stratégies.
Stratégie 1
On observe que, pour tout :
Par ailleurs, la famille est une base de (en raison des degrés étagés).
C’est une base de vecteurs propres pour
Stratégie 2
Posons, pour tout :
Alors :
Ceci permet de conclure, pour les mêmes raisons que ci-dessus, que est une base de vecteurs propres pour
Supposons nilpotent. Notons son indice : et Il existe donc tel que Comme on voit déjà que
Maintenant, si alors il existe tel que d’où par récurrence :
En particulier et donc Ainsi Tout ceci prouve que :
Si est nilpotent, alors
Passons à la réciproque … qui est fausse sans condition sur Contre-exemple : l’endomorphisme canoniquement associé à
admet pour polynôme caractéristique Donc Pourtant n’est pas nilpotent, puisqu’en notant la base canonique de on voit par exemple que pour tout
On a toutefois une réciproque partielle vraie si
En effet, supposons que Comme le polynôme caractéristique de est scindé dans (d’après le théorème fondamental de l’algèbre), est trigonalisable.
Il existe donc une base de dans laquelle est représenté par une matrice de la forme :
Il est classique qu’une telle matrice est nilpotente, ce qui montre que est nilpotent.
Comme possède valeurs propres distinctes, les sev propres sont tous de dimension 1 (on sait en effet que leur somme est directe; si l’un d’eux était de dimension on aurait ce qui est absurde). Pour chaque valeur propre de notons la droite propre associée.
Soit tel que Comme et commutent, alors est stable par
Choisissons un vecteur Comme il existe tel que d’où Or et donc ce qui nous laisse :
- si : deux possibilités pour à savoir ou
- si : une seule possibilité, à savoir
Par conséquent, si l’on note les valeurs propres de et une base de vecteurs propres pour (avec pour tout alors la matrice dans de est la forme :
ce qui représente :
- possibilités si
- possibilités si
Réciproquement, il est évident que si est représenté par une telle matrice dans alors
En résumé …
Proposition
Si est endomorphisme d’un espace vectoriel de dimension possédant des valeurs propres positives toutes distinctes, alors l’équation possède ou solutions dans , selon que 0 est ou n’est pas valeur propre de .
Comme demandé, proposons deux méthodes.
Méthode 1
On commence par observer que, pour tout :
- pour tout
- et donc pour tout
Il en résulte que si est annulateur de alors est aussi annulateur de
En choisissant en outre scindé dans et à racines simples (par exemple le polynôme minimal de on voit (cf. cette CNS) que est diagonalisable.
Méthode 2
On considère une base de constituée de vecteurs propres pour :
Pour tout on définit un endomorphisme en spécifiant les images des vecteurs de cette base :
où est le symbole de Kronecker. La famille est une base de : pour le voir, il suffit de montrer qu’elle est libre puisqu’elle comporte le bon nombre de vecteurs (à savoir Or si est une famille de réels vérifiant :
on obtient en appliquant au vecteur (pour arbitraire) :
et donc pour tout puisque est libre. Il reste à prouver que les sont des vecteurs propres pour Or, pour tout :
et ceci montre que (car deux endomorphismes qui coïncident sur une base sont égaux).
Moralité : la famille est une base de vecteurs propres pour
Le résultat à démontrer est évident si l’un des deux endomorphismes est une homothétie. On va tâcher de se ramener à cette situation.
Comme est algébriquement clos, le polynôme caractéristique de possède au moins une racine complexe; autrement dit : possède au moins une valeur propre .
Posons : c’est le sous-espace vectoriel propre pour associé à la valeur propre Evidemment, est stable par et l’endomorphisme induit est l’homothétie Mais comme et commutent, alors est aussi stable par
Notons l’endomorphisme induit. A nouveau (comme est algébriquement clos) possède au moins une valeur propre
Pour finir, tout vecteur vérifiant est un vecteur propre pour et pour
Si possède au moins une valeur propre, c’est réglé (la droite vectorielle engendrée par un quelconque vecteur propre convient : c’est un sous-espace stable de dimension 1).
Supposons désormais que le spectre de soit vide.
Considérons un polynôme annulateur de : rappelons que l’existence d’un tel polynôme découle du fait que la famille est liée, puisque Ce polynôme se décompose en produit de polynômes irréductibles dans de degré 1 ou 2 :
Comme il existe un indice tel que l’endomorphisme soit non injectif. Nécessairement sans quoi admettrait une valeur propre, contrairement à l’hypothèse.
Posons donc Soit la famille est libre car sinon serait un vecteur propre. On considère alors le plan il s’agit d’un plan stable puisque si alors :
Notons l’endomorphisme canoniquement associé à Il s’agit de prouver que :
Preuve de l’implication
Notons les valeurs propres distinctes de Alors :
Soit tel que soit nilpotent. Il existe tel que
Pour tout et tout :
et donc Ainsi est multiple de qui n’est autre que le polynôme minimal de
De ce fait
Preuve de l’implication
Montrons la contraposée. Supposons non diagonalisable et notons son polynôme minimal (qui est scindé dans d’après le théorème de d’Alembert-Gauss) :
Comme n’est pas diagonalisable, les racines de ne sont pas toutes simples : il existe tel que On considère alors le polynôme :
On constate que :
- n’est pas annulateur de car c’est un polynôme non nul, de degré ,
- est annulateur de car et donc
Ainsi est nilpotent et non nul.
Si un point n’est pas clair ou vous paraît insuffisamment détaillé, n’hésitez pas à poster un commentaire ou à me joindre via le formulaire de contact.