Solutions détaillées de neuf exercices sur la notion de produit scalaire (fiche 01).
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Divers éléments théoriques sont disponibles dans cet article.
Traitons directement le cas général.
Soient et des réels tous distincts.
Pour tout , l’application :
est une forme linéaire (appelée » évaluation en « ).
Par conséquent, l’application :
est une forme bilinéaire. Sa symétrie et sa positivité sont évidentes.
En outre, si c’est-à-dire si alors (somme nulle de réels positifs) pour tout
Enfin, on sait que le seul élément de possédant racines est le polynôme nul.
Bref, on a bien affaire à un produit scalaire. Ensuite, la bonne idée est de penser à l’interpolation de Lagrange. Notons l’unique élément de vérifiant :
c’est-à-dire (symbole de Kronecker). Rappelons au passage, même si ce n’est pas utile ici, que est explicitement donné par :
Il est classique que est une base de En outre, pour tout :
ce qui prouve que est une base orthonormale de pour ce produit scalaire.
On montre d’abord la linéarité de Pour cela, on considère deux vecteurs un réel et l’on espère prouver que :
Il faut bien voir que les deux membres de cette égalité sont des formes linéaires et, en particulier, des applications. On va donc se donner quelconque et prouver que :
ce qui se fait » tout seul » :
Les égalités et découlent de la définition de L’égalité provient de la linéarité à gauche du produit scalaire. Quant à l’égalité elle résulte de la définition de où sont deux formes linéaires sur
La linéarité de est établie. Plus formellement, on a prouvé que :
Pour montrer l’injectivité de il suffit de vérifier que son noyau est réduit au vecteur nul de
Si alors est la forme linéaire nulle, ce qui signifie que :
En particulier : et donc L’injectivité de est établie.
Si est de dimension finie, alors On peut donc affirmer, grâce au théorème du rang, que est un isomorphisme.
Remarque
Cet isomorphisme est qualifié de canonique, pour indiquer qu’il a été défini de manière intrinsèque, c’est-à-dire sans utiliser une quelconque base de
Lorsque est de dimension infinie, l’application n’est jamais surjective.
En voici une démonstration, si vous êtes intéress(é)e.
Toutes les formes linéaires du type pour sont continues. Ceci résulte de l’inégalité de Cauchy-Schwarz :
Il suffit donc de prouver l’existence de formes linéaires discontinues pour conclure que n’est pas surjective.
Comme est de dimension infinie, il existe une suite de vecteurs de qui sont unitaires et linéairement indépendants.
Notons et soit un supplémentaire de dans On définit une forme linéaire sur par les relations suivantes :
et
Cette forme linéaire est discontinue, puisqu’elle n’est pas bornée sur la sphère unité de
Voici maintenant un résultat moins précis, mais qui n’est déjà pas si mal…
L’espace des applications continues de dans est muni du produit scalaire défini par :
On considère la forme linéaire » évaluation en » :
Supposons qu’il existe tel que c’est-à-dire tel que :
En choisissant on constate que :
L’application est continue, positive et d’intégrale nulle : c’est donc l’application nulle.
Il en résulte que est l’application nulle (nulle en tout point de et donc aussi en par continuité). Mais ceci signifie que est la forme linéaire nulle, ce qui est absurde ! On a donc prouvé que ne possède aucun antécédent par .
Preuve 1
Si l’inégalité à établir est vraie (c’est même une égalité) et la famille est liée.
Supposons maintenant et posons, pour tout :
On voit que est un trinôme de signe constant, donc de discriminant négatif ou nul (rappelons qu’un trinôme de discriminant strictement positif possède deux racines distinctes, qu’il est du signe de son coefficient dominant à l’extérieur du segment limité par les racines et du signe contraire à l’intérieur).
Ceci donne l’inégalité souhaitée.
Le cas d’égalité est celui où le discriminant est nul : il existe alors tel que c’est-à-dire ou encore La famille est donc liée.
Preuve 2
Supposons et non nuls. On observe que :
c’est-à-dire :
Or, par définition de et donc :
En cas d’égalité, on a :
ce qui montre que la famille est liée.
Fixons une base orthonormale de Soit une forme bilinéaire.
Pour tout en décomposant dans sous la forme :
il vient :
Notons D’après l’inégalité triangulaire :
c’est-à-dire :
Mais d’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz :
et de même :
Finalement, en posant :
Remarque
L’inégalité établie ci-dessus exprime la continuité de la forme bilinéaire .
D’une manière générale, étant donné un -espace vectoriel normé et une forme -linéaire sur (c’est-à-dire : une application de dans qui est « linéaire par rapport à chaque variable »), on a l’équivalence entre les deux affirmations suivantes :
- est continue
- il existe un réel tel que :
On peut montrer que si est de dimension finie, la continuité d’une forme multilinéaire est automatique et ce, quelle que soit la norme choisie (rappelons qu’en dimension finie, les normes sur un -espace vectoriel sont toutes équivalentes).
L’exercice n’aborde qu’un cas très particulier de cette situation (dimension 2 et norme issue d’un produit scalaire), mais de façon directe.
Soient des vecteurs unitaires de D’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz :
D’autre part :
et donc :
Dans l’inégalité de gauche est réalisée si l’on choisit :
où la famille est orthonormale (ce qui est possible puisque
Et l’inégalité de droite est réalisée dès que
Remarque
est une partie compacte de et est continue. On pouvait donc affirmer, a priori, que est bornée et atteint ses bornes.
Soit continue, positive et d’intégrale nulle.
Supposons non nulle, c’est-à-dire :
On peut d’ailleurs, en raison de la continuité de en et en considérer que
Par continuité de en il existe tel que et, pour tout :
d’où a fortiori :
c’est-à-dire :
Il en résulte que :
ce qui est absurde. On a démontré le :
Lemme
Si est continue, positive et d’intégrale nulle, alors
Dans cet énoncé, on peut bien sûr remplacer l’intervalle par un segment quelconque.
Considérons maintenant continue et strictement positive. Il est clair que
est bilinéaire, symétrique et positive. En outre, si vérifie :
alors d’après le lemme (appliqué à qui est continue positive et d’intégrale nulle) :
et donc puisque ne s’annule pas.
Voici maintenant la » bonne » version de ce résultat, avec des hypothèses minimales sur (qui est appelée fonction poids,… weight en anglais).
On note . C’est l’image réciproque par du singleton autrement dit l’ensemble des valeurs en lesquelles s’annule.
Proposition
Rappelons que l’intérieur de noté est l’ensemble des réels vérifiant :
Dire que est d’intérieur vide signifie que ne contient aucun intervalle non trivial.
Preuve de
Par contraposée. Supposons et soient tels que
Considérons une application nulle en dehors de et ne s’annulant pas dans
Par exemple :
Alors bien que ce qui montre que n’est pas définie positive.
Preuve de
Encore par contraposée. Par hypothèse, il existe vérifiant
Vue la continuité de il existe un segment ainsi que tels que :
On constate alors que :
ce qui impose pour tout
Ainsi,
Passer en revue les trois axiomes de normes va poser une sérieuse difficulté technique pour l’inégalité triangulaire.
Montrons plutôt qu’il existe un produit scalaire sur pour lequel n’est autre que la norme euclidienne associée.
Posons, pour tout :
Il est facile de voir que est une forme bilinéaire, symétrique et positive.
En outre, si alors (somme nulle de réels positifs) :
D’après le lemme démontré au début de l’exercice n° 6, la condition impose c’est-à-dire qu’il existe tel que :
Mais et donc et finalement est l’application nulle. Ceci prouve le caractère défini positif.
Remarque
On s’appuie ici sur un résultat de cours : si est un espace vectoriel muni d’un produit scalaire, alors l’application est une norme. Le seul point non trivial dans cette affirmation concerne l’inégalité triangulaire. Celle-ci découle de l’inégalité de Cauchy-Schwarz.
Suivons les indications proposées.
On définit une produit scalaire sur en posant :
Détail de cette affirmation
Cette intégrale impropre est convergente car (d’après la propriété des croissances comparées) :
et il existe donc tel que :
Par ailleurs, il s’agit bien d’un produit scalaire. Bilinéarité, symétrie, positivité sont évidentes et de plus, si alors :
ce qui impose puis pour tout d’après le lemme vu au début de l’exercice n° 6.
Enfin, est un polynôme possédant une infinité de racines et c’est donc le polynôme nul.
Par commodité, on calcule une fois pour toutes :
D’après la théorie générale présentée à la section 3 de cet article :
où et désigne le projecteur orthogonal sur
Pour calculer cela, commençons par expliciter une base orthogonale de
On peut partir de la base canonique et l’orthogonaliser.
On trouve après quelques petits calculs :
Détail des « petits calculs » 🙂
Cherchons et sous la forme :
les réels étant choisis de telle sorte que et soient deux à deux orthogonaux.
Alors :
impose
Ensuite :
et
imposent et
On s’appuie ensuite sur les deux formules :
et
L’égalité résulte de la formule de Pythagore (les vecteurs et sont orthogonaux).
L’égalité découle de l’expression en base orthonormale du projeté orthogonal sur d’un vecteur de à savoir :
et (encore) de la formule de Pythagore.
Calculons quelques produits scalaires utiles :
ainsi que :
On voit maintenant que :
et :
En conclusion :
et cette borne inférieure est atteinte pour :
Soit Considérons l’application :
où, par définition :
L’application est continue car lipschitzienne donc continue (pour une explication, voir ce passage d’une vidéo consacrée à une propriété de convexité de la distance à une partie d’un espace normé). Il s’ensuit que est aussi continue.
Comme alors c’est-à-dire :
Le lemme habituel (cf. début de l’exercice n° 6 plus haut) s’applique et montre que
Ainsi, s’annule en tout point où ne s’annule pas. Or est fermé, et donc Ainsi
Ceci montre que et l’inclusion réciproque est évidente.
Remarque
Il n’est pas restrictif de supposer fermé puisque, pour toute partie de :
En effet donc
Par ailleurs, si s’annule en tout point de alors s’annule sur l’adhérence de par continuité.
Il en résulte que :
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