Lettre J
JENSEN (inégalité de)
Soit
un intervalle non trivial et soit
une application convexe. Alors :
Théorème
Soit un entier
ainsi que
et
tel que
. Alors :
![Rendered by QuickLaTeX.com \[f\left(\sum_{k=1}^{n}t_{k}x_{k}\right)\leqslant\sum_{k=1}^{n}t_{k}\thinspace f\left(t_{k}\right)\]](https://math-os.com/wp-content/ql-cache/quicklatex.com-f53b443f576a50cdde9ea264a3741738_l3.png)
Cette inégalité est attribuée au mathématicien danois Johan Jensen (1859 – 1925).

La preuve se fait par récurrence. Pour
c’est la définition de la convexité. En supposant le résultat établi au rang
pour un certain
on se donne
et
tels que
Si
alors
pour tout
et il n’y a rien à démontrer. Et si
alors en posant
on voit que
et que :
![Rendered by QuickLaTeX.com \[\sum_{k=1}^{n+1}t_{k}x_{k}=T\sum_{k=1}^{n}\dfrac{t_{k}}{T}\thinspace x_{k}+\left(1-T\right)x_{n+1}\]](https://math-os.com/wp-content/ql-cache/quicklatex.com-53c739ff3e11956aa51554bd13b1c62c_l3.png)
![Rendered by QuickLaTeX.com \[f\left(\sum_{k=1}^{n+1}t_{k}x_{k}\right)\leqslant T\thinspace f\left(\sum_{k=1}^{n}\dfrac{t_{k}}{T}\thinspace x_{k}\right)+\left(1-T\right)\thinspace f\left(x_{n+1}\right)\]](https://math-os.com/wp-content/ql-cache/quicklatex.com-955f38eb7d2071fe076ba9412b72de1e_l3.png)

On appelle aussi inégalité de Jensen la version continue de ce qui précède :
Théorème
Soit
une application continue. On suppose que
est un intervalle non trivial, que
et que
est convexe. Alors :
![]()
Exercice pour le lecteur : déduire cette inégalité de la version discrète énoncée plus haut, en utilisant le théorème de convergence des sommes de Riemann.
JORDAN (matrice de)
Etant donné un entier
on appelle matrice (ou cellule) de Jordan de taille
la matrice
, considérée comme élément de l’algèbre
.
Les termes de cette matrice sont donc tous nuls, à l’exception de ceux situés sur la « sur-diagonale », qui valent 1. Ci-dessous les matrices
et
:
![Rendered by QuickLaTeX.com \[J_{2}=\left[\begin{array}{cc}0 & 1\\0 & 0\end{array}\right]\qquad J_{5}=\left[\begin{array}{ccccc}0 & 1 & 0 & 0 & 0\\0 & 0 & 1 & 0 & 0\\0 & 0 & 0 & 1 & 0\\0 & 0 & 0 & 0 & 1\\0 & 0 & 0 & 0 & 0\end{array}\right]\]](https://math-os.com/wp-content/ql-cache/quicklatex.com-64081feb7a1888aa1f1dff3280733456_l3.png)
L’endomorphisme
canoniquement associé à
est défini par :
![]()
Théorème (réduction de Jordan – cas nilpotent)
Si
est un
espace vectoriel de dimension
et si
est nilpotent, alors il existe une base de
dans laquelle
est représenté par une matrice diagonale par blocs, chaque bloc étant une matrice de Jordan.
Une conséquence est l’important théorème suivant :
Théorème (réduction de Jordan – cas général)
Soit
est un
espace vectoriel de dimension
et soit
dont le polynôme caractéristique est scindé. Alors il existe une base de
dans laquelle
est représenté par une matrice diagonale par blocs, chaque bloc étant de la forme
où
est une valeur propre de ![]()
Le second théorème se démontre à partir du premier de la manière suivante. On note
le polynôme caractéristique de
Comme
est scindé dans
il en va de même du polynôme minimal de
noté
On peut donc écrire :
![Rendered by QuickLaTeX.com \[\mu_{f}=\prod_{i=1}^{p}\left(X-\lambda_{i}\right)^{r_{i}}\]](https://math-os.com/wp-content/ql-cache/quicklatex.com-07f3f8f6284fe6ee46453385db65b1bd_l3.png)
Le lemme de décomposition des noyaux donne
où les ![]()
- la restriction de
à
est nilpotente d’indice 
- la dimension de
est égale à la multiplicité
de
en tant que racine de 
Il existe donc, d’après le premier théorème, une base de
dans laquelle la restriction de
est représentée par une matrice diagonale par blocs, chaque bloc étant de la forme
Il ne reste plus qu’à concaténer ces bases, ce qui fournit une base de
dans laquelle la matrice de
possède la forme voulue.

