Lettre J
JENSEN (inégalité de)
Soit un intervalle non trivial et soit une application convexe. Alors :
Théorème
Soit un entier ainsi que et tel que . Alors :
Cette inégalité est attribuée au mathématicien danois Johan Jensen (1859 – 1925).
La preuve se fait par récurrence. Pour c’est la définition de la convexité. En supposant le résultat établi au rang pour un certain on se donne et tels que Si alors pour tout et il n’y a rien à démontrer. Et si alors en posant on voit que et que :
d’où, par convexité de :
puis, d’après l’hypothèse de récurrence :
comme souhaité.
On appelle aussi inégalité de Jensen la version continue de ce qui précède :
Théorème
Soit une application continue. On suppose que est un intervalle non trivial, que et que est convexe. Alors :
Exercice pour le lecteur : déduire cette inégalité de la version discrète énoncée plus haut, en utilisant le théorème de convergence des sommes de Riemann.
JORDAN (matrice de)
Etant donné un entier on appelle matrice (ou cellule) de Jordan de taille la matrice , considérée comme élément de l’algèbre .
Les termes de cette matrice sont donc tous nuls, à l’exception de ceux situés sur la « sur-diagonale », qui valent 1. Ci-dessous les matrices et :
L’endomorphisme canoniquement associé à est défini par :
où désigne la base canonique de Il est facile de voir que si est un espace vectoriel de dimension et si est nilpotent d’indice (ce qui signifie que et alors il existe une base de dans laquelle est représenté par Ceci se généralise :
Théorème (réduction de Jordan – cas nilpotent)
Si est un espace vectoriel de dimension et si est nilpotent, alors il existe une base de dans laquelle est représenté par une matrice diagonale par blocs, chaque bloc étant une matrice de Jordan.
Une conséquence est l’important théorème suivant :
Théorème (réduction de Jordan – cas général)
Soit est un espace vectoriel de dimension et soit dont le polynôme caractéristique est scindé. Alors il existe une base de dans laquelle est représenté par une matrice diagonale par blocs, chaque bloc étant de la forme où est une valeur propre de
Le second théorème se démontre à partir du premier de la manière suivante. On note le polynôme caractéristique de Comme est scindé dans il en va de même du polynôme minimal de noté On peut donc écrire :
où sont les valeurs propres distinctes de
Le lemme de décomposition des noyaux donne
où les sont les sous-espaces caractéristiques de :
On peut montrer que, pour tout :
- la restriction de à est nilpotente d’indice
- la dimension de est égale à la multiplicité de en tant que racine de
Il existe donc, d’après le premier théorème, une base de dans laquelle la restriction de est représentée par une matrice diagonale par blocs, chaque bloc étant de la forme Il ne reste plus qu’à concaténer ces bases, ce qui fournit une base de dans laquelle la matrice de possède la forme voulue.